C'était la première fois qu'un acteur de monde du divertissement participait à ce rendez-vous professionnel. Mais Netflix est aujourd'hui incontournable, comme l'a rappelé le modérateur de la rencontre, Rüdiger Wischenbart: "Le développement de contenus de cette plateforme représente trois fois le chiffre d'affaires d'un groupe éditorial comme Penguin Random House".
Trois projets d'adaptations révélés
Quel intérêt porte Netflix sur l'industrie du livre ? Quelles histoires sont susceptibles d'être adaptées par le géant américain ? Kelly Luegenbiehl a commencé la rencontre en dévoilant de nouveaux projets, notamment en Suède mais aussi en Turquie, avec l'adaptation en turc du bestseller d'Elif Shafak, Soufi mon amour, publié en 2010 France chez Phébus et réédité par 10/18. "Nous racontons des histoires locales susceptibles de toucher un public global. Nous nous enrichissons des différentes langues. (...) Et, par le biais des sous-titres, nous constatons la perméabilité des publics, capables de s'intéresser à des histoires qui ne se passent pas chez eux", a-t-elle déclaré. Netflix a également confirmé la mise en production de l'adaptation de Anxious People du suédois Fredrik Backman (auteur de Le monde selon Ove, Presses de la cité) et celle de Tyll de l'allemand Daniel Kehlmann, qu'Actes sud publiera en février sous le titre Le roman de la vie de Tyll l'espiègle.
Interrogée spécifiquement sur les différents comportements des publics présents sur Netflix, Kelly Luegenbiehl a tenu des propos plutôt lisses :"Ils consomment une série par épisodes alors que les lecteurs enchaînent les chapitres, nos industries se ressemblent". Elle a été plus concrète sur les champs d'intérêts de Netflix et sur l'orientation de ses choix en ce qui concerne les adaptations.
L'Afrique dans le viseur
"Nous avons connu un franc succès avec les séries de young adult, comme The Rain au Danemark (...) mais aussi avec les histoires d'amour comme Las chicas del cable en Espagne. (...) Aujourd'hui nous nous intéressons au continent africain et serions heureux d'adapter un bon livre. Personnellement je suis très intéressée par les histoires de femmes fortes", a-t-elle fait savoir. La plateforme de streaming a déjà connu un franc succès avec l'adaptation en février dernier du Garçon qui dompta le vent (Presses de la cité, 2010), l'histoire vraie d'un ado qui construit une éolienne pour fournir de l'électricité à une pompe à eau dans son village dévasté par la famine au Malawi.
Se définissant elle-même comme une grande lectrice, Kelly Luegenbiehl a insisté sur le rôle des éditeurs dans la sphère Netflix. "Non, nous ne voyons pas les éditeurs comme les parents pauvres mais comme des partenaires. Nous ne sommes pas en compétition, nous essayons tout simplement de donner une nouvelle opportunité aux livres, de leur redonner vie d'une autre manière. Le livre que nous allons adapter n'est pas forcément un best-seller mais une histoire avec des personnages capables d'enrichir les épisodes d'une série", a-t-elle indiqué.
Kelly Luegenbiehl succédait au P-DG du groupe américain Macmillan et vice-président exécutif du groupe allemand Holtzbrinck, John Sargent, invité au CEO Talk 2018.