Une belle évocation de Moby Dick occupe les pages de garde du premier volume d’Aquarica. Le ton est donné. Il y aura du Herman Melville dans cette série qui associe pour la première fois Benoît Sokal et François Schuiten, tous deux révélés dans les marges du mensuel (A suivre) dans les années 1980. Et aussi du Jules Verne de Vingt mille lieues sous les mers. Amis depuis leurs études communes il y a quarante ans à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, les deux auteurs belges n’avaient jamais travaillé ensemble. Ils délaissent l’un son Canardo fétiche, l’autre l’univers des Cités obscures, qu’il déploie depuis 1982 avec Benoît Peeters, pour revenir au très classique avec une grande aventure maritime aux accents fantastiques.
C’est Benoît Sokal qui signe le dessin sur un scénario à quatre mains. On reconnaît ses cadrages, ses décors et ses ambiances très cinématographiques, on hésite parfois sur les personnages chez cet auteur plus familier de la BD anthropomorphique. En 1930, dans le petit port baleinier (imaginaire) de Roodhaven, vient s’échouer un animal gigantesque, mi-crabe, mi-baleine, en partie constitué des débris du Golden Licorn, un baleinier naufragé. Dépêché sur place, le jeune scientifique John Greyford va s’efforcer de protéger de l’ire des anciens marins du baleinier l’animal, ainsi que la mystérieuse jeune fille qui, telle Pinocchio, a voyagé en son sein. Aquarica, c’est son nom, vient d’un autre monde aujourd’hui menacé. Elle va compter sur John Greyford pour l’aider à le sauver. Fabrice Piault