L'Etat allemand de la Bavière a annoncé, mercredi, qu'il avait finalement renoncé à autoriser une nouvelle réédition universitaire de Mein Kampf, avec un commentaire critique. Même après l’expiration de ses droits sur l’ouvrage, rapporte l'agence Reuters. Le ministère bavarois des Finances détient en effet ces droits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à 2015, où ils tomberont dans le domaine public, 70 ans après le suicide d’Adolf Hitler. Le gouvernement n’invoquera plus la protection de la propriété intellectuelle, mais l’incitation à la haine.

La Bavière avait planifié il y a deux ans de publier une nouvelle édition critique du manifeste hitlérien établie par l'Institut d’histoire contemporaine de Munich. Et le gouvernement régional avait déjà versé 500 000 euros pour soutenir le projet. Mais "beaucoup d'entretiens avec des victimes de l'Holocauste et leurs familles nous ont montré que toute réimpression de ces écrits honteux causerait une énorme douleur", a dit le ministre des Sciences bavarois Ludwig Spaenle.

Une porte-parole de l'Institut d'histoire contemporaine a fait savoir que ce projet serait poursuivi, au besoin sur des fonds privés : "Nous estimons toujours que l’existence d’une édition commentée du livre, qui ne se contente pas de diffuser le texte de Hitler sur le marché mais qui permet de le recadrer, est justifié".