2 février > Roman Etats-Unis > Daniel Alarcón

Né à Lima en 1977, grandi dans l’Alabama à partir de l’âge de 3 ans, Californien d’adoption, Daniel Alarcón répondait en 2013 au New York Times : "Je pense que je suis un écrivain américain qui écrit sur l’Amérique latine, et un écrivain latino-américain qui s’est mis à écrire en anglais."Nous tournons en rond dans la nuit, son deuxième roman, le troisième titre traduit en français chez Albin Michel après Lost city radio (2008) et le recueil de nouvelles La guerre aux chandelles (2011), confirme pleinement l’héritage métissé d’un écrivain souvent comparé au Chilien Roberto Bolaño et déjà distingué comme parmi les plus talentueux de sa génération. C’est bien dans la capitale d’un pays latino andin jamais nommé, secoué par une sanglante guerre civile à la fin des années 1980, qu’est né et a passé son adolescence le personnage principal, Nelson, un jeune comédien de théâtre, engagé en 2001 dans une tournée avec deux anciens membres d’une troupe légendaire. Dans une sorte de revival tour, puisqu’il s’agit de remonter et de jouer dans des bourgades de province reculées une pièce mythique, Le président idiot, une fable politique dont les représentations, quinze ans plus tôt, ont provoqué l’arrestation et l’emprisonnement de son auteur, un dramaturge engagé que le jeune acteur vénère. Cette tournée est aussi l’occasion de prendre de la distance, croit-il, avec une ex-petite amie installée avec un autre - mais avec qui il continuait d’entretenir une liaison cachée -, avec sa mère veuve, et de digérer la déception d’un impossible départ aux Etats-Unis où a émigré son frère aîné.

Daniel Alarcón infuse une noirceur distante sans exhibitionnisme dans la violence politique, sociale et intime qu’il décrit, en combinant une construction fictionnelle à une forme de reportage journalistique. D’ailleurs, l’histoire de Nelson est reconstituée par un narrateur, dont le statut de rédacteur dans une revue n’est que tardivement dévoilé, qui agence et recoupe les témoignages des protagonistes, tous acteurs dans un théâtre de la désillusion. V. R.

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