29 août > Premier roman France > Julien Cabocel

Un soir, après un ballet à l’Opéra-Bastille qui l’a ému aux larmes, le narrateur, Dominique Chevallier, un publicitaire qui ne peut plus se voir en peinture, décide de tout plaquer, et de partir. Dans sa vieille Ford Taunus de 1996, il met cap au Sud, sans cartes routières, GPS ni portable, jusqu’au bout de son plein. Comme il a pris de l’essence à la porte d’Orléans, il parvient dans le Languedoc. Sur une aire de repos, en montagne, il rencontre Rilt, un vieux photographe bizarre, qui ne travaille qu’avec un Polaroid de 1982. La Taunus ayant rendu l’âme, il marche à travers une steppe désertique, avant de parvenir à un motel déglingué, perdu au milieu de nulle part, qui se revendique Bazaar.

Sans qu’on lui pose de questions, même pas sur la durée de son séjour, il se voit logé chambre 7, accueilli par Stella, la tenancière, sa fille Vic, ainsi que Dan, un ancien astronome, plus ou moins son compagnon et homme à tout faire. Autour de la piscine, seul remède contre la canicule, se retrouvent aussi Ida, le grand amour de Rilt, Millie, une tatoueuse peu commune, le jeune Gene, son amoureux, fan de planeur. Non loin, Théo, le berger étrange, mène paître ses brebis mécaniques. "Fabrique-moi un mouton", lui demandera Vic à un moment.

Dans cette ambiance baba cool, un peu libertaire, en marge du temps et du monde, où les histoires se défont et se font (Dominique, devenu Dom, tombera-t-il amoureux de Stella, restera-t-il au Bazaar ou, sa crise passée, repartira-t-il?), Julien Cabocel, avec élégance et humour, a écrit un premier roman qui pourrait être américain, dans une ambiance proche des tableaux de Hopper, un road trip tout en délicatesse, truffé de clins d’œil. J.-C. P.

08.06 2018

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