"Les agents sont parfois traumatisés, souligne Fabrice Larcade, porte-parole de SUD. Le 30 septembre, des collègues ont vu cette dame mourir, juste avant l’arrivée rapide des pompiers." Le représentant regrette la gestion chaotique de la situation par les encadrants, faute de procédure bien établie. "La procédure d’évacuation du public s’est déroulée dans un certain chaos, les collègues recevaient des ordres et des contrordres, sans compter le fait que les personnels de salle n’ont pas été préparés à gérer un tel événement."
Du côté de la direction de l’établissement, on réfute cette interprétation des événements. "L’évacuation s’est déroulée en deux phases, d’abord l’établissement d’un premier périmètre pour permettre aux pompiers d’intervenir et ensuite une évacuation des salles de lecture à proximité, déclare Patrick Belaubre, délégué à la communication de la BnF. Les salles de lecture n’ont pas été rouvertes," à la demande des agents, selon le syndicat SUD Culture dans un communiqué. La cellule médico-psychologique a ensuite accueilli les agents qui se sont présentés.
La sécurisation du site en attente depuis 2015
Cet incident semble avoir néanmoins convaincu la direction de la nécessité d’améliorer la gestion de ce type d’événement, puisque le CHSCT d’octobre a été consacré au renforcement des procédures en cas de suicide ou de chute. "Plusieurs améliorations seront mises en œuvre et la procédure spécifique sera améliorée pour mieux organiser les circuits d’information et de décisions concernant l’impact sur le service public et accompagner les agents concernés," indique Patrick Belaubre, répondant ainsi à une demande récurrente des syndicats du personnel.
Mais les organisations syndicales s’inquiètent surtout d'une certaine inertie concernant la réflexion sur la sécurisation du site, évoquée dès 2015 par la direction. "A la suite d’un suicide, la direction avait reconnu qu’il était nécessaire de mettre en place un dispositif de sécurisation, puisque les garde corps en place n’étaient manifestement pas efficaces, souligne Fabrice Larcade. Nous sommes fin 2019 et il n’y a toujours rien." Le représentant évoque des blocages budgétaires et le refus de l’architecte du site, Dominique Perrault, de voir son œuvre modifiée, "alors que l’urgence fait nécessité dans ce cas". SUD juge possible de demander au ministère de la Culture une aide exceptionnelle qui permettrait de financer les travaux nécessaires.
Des panneaux pour prévenir les suicides
La BnF confirme qu’une étude de faisabilité a bien eu lieu en 2017 mais rappelle que "l’esplanade de la BnF fait 5 hectares et que les mesures de sécurité sont complexes et les solutions forcément complémentaires et croisées". Ainsi l’institution a fait appel, fin octobre, à l’agence en charge de la signalétique pour mettre en place des panneaux dédiés à la prévention du suicide élaborés conjointement avec un psychologue spécialiste de la question. L’établissement précise également que les rondes du service de sécurité sont étendues en journée sur l’ensemble de l’esplanade depuis le début du mois.
Reste la question de la modification et l'amélioration des gardes corps qui entourent le puits, principal obstacle à la chute des personnes. La direction de la BnF dit s’être rapprochée de l’architecte Dominique Perrault pour commander une étude de faisabilité sur la modification structurelle des gardes corps du jardin-forêt. Parmi les options envisagées, Fabrice Larcade cite la plus convaincante pour les syndicats du personnel : le rehaussement des gardes corps grâce à du plexiglas, combiné à une détection laser qui permettrait d’alerter les agents de sécurité en cas de tentative de franchissement.