Marc Fernandez a bien raison d’inaugurer sa collection de polars "Sang neuf", chez Plon, avec Janis Otsiemi, déjà connu des amateurs du genre, puisque c’est là son huitième roman publié. Avec la voix originale de cet auteur africain, du Gabon, qui ancre ses livres dans la réalité de son pays, et pas la plus reluisante. Son héros récurrent, Jean-Marc Ossavou, lieutenant de police à la Sûreté urbaine de Libreville, est un justicier vengeur, un redresseur de torts aux méthodes expéditives, depuis qu’il a été lui-même victime d’une terrible injustice : sa mère et sa sœur ont été tuées par un chauffard, fils d’un ministre, qui n’a jamais été inquiété par la police. Plus jamais ça et pas de quartier pour les criminels, s’est-il juré.
Jean-Marc, bien qu’il vive une histoire d’amour avec sa "bonamie" Marie, infirmière à l’Hôpital général, et qu’il considère son fils Hugo comme le sien, a conservé son indépendance, et il aime bien les jolies filles. Un soir, rentrant chez lui, il en prend une en stop, une certaine Svetlana, serveuse au casino La Roulette, tenu par des Corses proches de feu Charles Pasqua. La fille est mystérieuse, avec qui il ne se passe rien. Mais elle revient ensuite le hanter, et il s’aperçoit, en faisant des recherches, que Svetlana est morte assassinée deux ans et demi auparavant, et que l’affaire n’a jamais été élucidée. Aidé par ses adjoints et par un gendarme intègre, il va rouvrir le dossier, reprendre l’enquête, et découvrir le pot aux roses, où se mêlent mafia, trafic de drogue, rivalités de clans.
Ça démarre lentement, mais, une fois lancée, la mécanique du polar est parfaite. On est au Gabon, et le français d’Otsiemi, sans tomber dans le folklore, est épatant. J.-C. P.