15 septembre > Histoire Etats-Unis

Le 20 mars 1911, à la lisière d’un quartier périphérique de Kiev, fut retrouvé le corps sans vie et sévèrement mutilé d’un enfant de 13 ans. Dans cette Russie tsariste en pleine déliquescence, qui pressent confusément vivre ses derniers mois, ce "banal" fait divers se transforme bientôt en événement et mobilise les opinions publiques partout en Europe, jusqu’à Thomas Mann, Anatole France ou Conan Doyle. Quelques jours seulement après les obsèques, un coupable est désigné. C’est un ouvrier d’une briqueterie voisine, père de famille sans histoire, nommé Mandel Beilis. Son mobile ? Etre juif. L’empire finissant exsude alors l’antisémitisme par toutes les strates de la société, jusqu’au tsar. Les Cent-Noirs, une organisation très puissante prônant alors la haine des Juifs, s’est emparée de l’affaire de l’enfant assassiné et décrète qu’il s’agirait d’un crime rituel pour mêler à l’approche de la Pâque le sang chrétien au pain azyme. Bientôt le pays tout entier ne parle plus que de cela et les défenseurs de Beilis, au nombre desquels le père de Nabokov, peinent à faire entendre leur voix, leurs arguments, fondés sur la seule raison.

Cette histoire, terrifiante, de ce qu’on pourrait appeler "l’affaire Dreyfus russe" a servi de matrice au beau roman de Bernard Malamud, L’homme de Kiev. C’est débarrassée de toute fiction, mais pas de son romanesque, que le journaliste américain Edmund Levin nous la présente dans Un enfant de sang chrétien. Cette somme historique magistrale aussi un très grand roman noir. O. M.

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