Le fonds Amber Capital a demandé formellement au groupe Lagardère, dont il est le deuxième actionnaire, la convocation d’une assemblée générale et souhaite remplacer trois membres du conseil de surveillance, dont l’ex-patron de la SNCF Guillaume Pepy, selon une lettre consultée, jeudi 20 août, par l’Agence France-Presse (AFP).
Le fonds, allié depuis quelques jours à Vivendi, désormais premier actionnaire chez Lagardère, demande la publication d’un avis de réunion dans les quinze jours ouvrés, puis l’organisation d’une assemblée générale dans les 50 jours suivants – soit à la fin du mois d’octobre.
Guillaume Pepy dans le viseur
Cette annonce est la suite logique du pacte d’actionnaires signé la semaine dernière entre Vivendi (23,5 % du capital) et Amber (20 %) pour demander une représentation au conseil de surveillance (trois sièges sur neuf pour Amber, un pour Vivendi). Le financier Joseph Oughourlian, à la tête d’Amber Capital, menace, s’il n’obtient pas satisfaction, de demander celle-ci en justice.
Selon son projet de résolution, il souhaite voir partir du conseil de surveillance son président Patrick Valroff, le P-DG de l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft Yves Guillemot, mais surtout l’ex-patron de la SNCF Guillaume Pepy, coopté en février aux côtés de Nicolas Sarkozy, et soutenu par Amber lors de l’assemblée générale du groupe, le 5 mai.
Guillaume Pepy
"s’était engagé auprès des actionnaires à apporter une nouvelle gouvernance au groupe Lagardère. Mais en votant le renouvellement du mandat d’Arnaud Lagardère sans même évaluer son bilan, il a trahi la confiance des actionnaires", a déclaré jeudi au
Figaro Olivier Fortesa, associé chez Amber et candidat au conseil de surveillance, avec le fondateur du fonds Joseph Oughourlian.
Une gouvernance complexe
Simples actionnaires d’une société au statut atypique de commandite par actions (SCA), Amber et Vivendi ne peuvent pas intervenir concernant la gouvernance de l’entreprise, contrôlée par l’associé-commandité Arnaud Lagardère avec seulement 7% des parts. Ils se sont engagés à voter
"en faveur des résolutions nécessaires à la mise en œuvre" des nouvelles nominations, selon leurs engagements signifiés auprès de l’Autorité des marchés financiers. En plaçant des membres au conseil de surveillance, ils obtiendront une place indispensable pour faire pression sur la gouvernance de l’entreprise.
Anticipant cette demande, Arnaud Lagardère a convoqué un conseil de surveillance lundi dernier, qui lui a renouvelé par anticipation et pour quatre ans son mandat de gérant. Celui-ci devait expirer en mars 2021. L’une des membres du conseil de surveillance avait alors démissionné après avoir fait part de réserves sur l’absence d’éléments précis justifiant la prolongation du mandat d’Arnaud Lagardère.
Cet été, Arnaud Lagardère s’est par ailleurs associé au milliardaire Bernard Arnault, P-DG de LVMH, qui a pris 27% de la holding familiale en échange d'un remboursement d'une partie de la dette personelle de l'héritier de Jean-Luc Lagardère, et qui prendra désormais part aux décisions stratégiques du groupe.