Germaine de Staël est morte le 14 juillet 1817. Elle avait 51 ans. Pour son bicentenaire, deux publications nous remettent en mémoire son œuvre et ce destin singuliers. Laurent Theis a réuni quatre ouvrages pour ce volume de la collection "Bouquins" : De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France, Considérations sur la Révolution française et Dix années d’exil. Un choix très politique donc. Dans sa préface, Michel Winock, biographe inspiré de Madame de Staël (Fayard, 2010), souligne les caractéristiques d’une existence écartelée entre le cœur et la raison. "La sentimentalité la plus exacerbée cohabite chez elle avec le sens le plus aigu de la réalité." Elle passe en effet sa vie à attendre : l’amour, la liberté. Elle attend l’espoir aussi, celui de voir partir l’homme qu’elle déteste tant après l’avoir tant désiré : Napoléon.
La maîtresse de Benjamin Constant et de tant d’autres a le sens de la politique et de l’opinion publique. Si De l’Allemagne demeure son grand livre, annonciateur du romantisme, on la découvre ici mélancolique et grave. En puisant dans ses textes, mais aussi dans ceux de Sainte-Beuve, de Madame de Genlis ou d’Emile Faguet, Michel Auboin fait apparaître une femme fatale, dans le sens où ce qui lui résiste finit par casser. "Ses idées étaient justes, dira d’elle Constant, et ses expressions, toujours simples, étaient quelquefois frappantes par la noblesse et l’élévation de ses sentiments." Elle eut même le bon goût, pour s’inscrire parfaitement dans son époque, d’avoir été trahie par Talleyrand. L. L.