Créés en 1975, les tarifs établis par la Charte servent d’indicateur pour la rétribution des auteurs sollicités pour effectuer des interventions publiques. Ses recommandations actuelles préconisent de payer 419 euros brut la journée de travail et 253 euros brut pour une demi-journée. Pour certaines institutions publiques ou parapubliques, le respect de ce barème conditionne le versement de subventions aux associations, comme le Labo, qui endossent le rôle d’intermédiaires entre les artistes et les établissements organisateurs.
#Payetonauteur : Au lendemain de la création de la #liguedesauteurspro, je reçois une proposition émanant d’une asso bien connue (Le labo des histoires pour ne pas le nommer) pour animer 4 ateliers d’écriture dans une grande médiathèque parisienne.
— Camille Brissot (@CamilleBrissot) 7 septembre 2018
Or, l’écrivaine Camille Brissot, membre de La Charte, a pris la parole sur Twitter au début du mois de septembre pour dénoncer la rémunération qui lui a été proposée par l’organisme. Selon elle, le montant proposé ne respectait pas les recommandations de la Charte, alors que le Labo a bénéficié des financements du CNL (Centre national du livre) et de la Sofia, et a récemment signé une convention tripartite avec les ministères de la Culture et de l’Education pour étendre son développement. Toujours sur le réseau social, l’association s’était en retour justifiée en indiquant qu’elle respectait le barème, mais qu’il lui arrivait de scinder les demi-journées en deux ateliers de 90 minutes répartis sur deux jours différents, d’où la baisse apparente du tarif.
La Charte s'indigne, le Labo réagit
Une pratique inacceptable pour la Charte, qui s’est fendu d’un communiqué et d’une lettre adressée au ministère de la culture pour dénoncer cet "arrangement" qui contrevenait selon elle au respect de sa grille. "Ce sont des tarifs à la demi-journée pour une raison précise : on ne peut pas compter seulement le temps d'intervention sur place d'un auteur. Une rencontre, c'est une préparation, des échanges en amont, une construction avec les enseignants, un temps de déplacement durant lequel les auteurs, dont 41% des professionnels vivent avec moins que le SMIC, ne se consacrent pas à leur création" écrit l’organisme de défense des écrivains.
Contacté par Livres Hebdo, le délégué général du Labo des histoires Charles Autheman tient à apporter des précisions : "Le fractionnement n’était absolument pas la norme, indique le responsable. Parfois, certains ateliers sont complexes à organiser, par exemple dans des structures militaires, et cela restreint les plages horaires disponibles. Dans certains cas, quand les circonstances ne permettaient pas d’effectuer une demi-journée entière, nous avons proposé à des auteurs de fractionner l’intervention en deux ateliers répartis sur deux jours, sur le principe du libre consentement".
L’affaire ne devrait cependant pas aller plus loin. Après une réunion avec le CNL et la SGDL, le Labo a décidé qu’il était nécessaire de "clarifier" sa position. Il a donc annoncé qu’il appliquerait dorénavant strictement la grille de la Charte. Sur Twitter, le président du CNL Vincent Monadé s’est félicité que l’association se "conforme aux recommandations". La présidente de la Charte Samantha Bailly a quant à elle regretté qu’il ait fallu "passer par la place publique pour faire respecter les auteurs".