1er février > Roman France > Emmanuelle Guattari

Depuis La petite Borde (2012) qui racontait une enfance insolite dans les années 1970 au royaume enchanté de la clinique de La Borde cofondée par son père Félix, dans le Loir-et-Cher, Emmanuelle Guattari poursuit son exploration fragmentée d’un passé qui est le sien, plus ou moins. Il y a eu Ciels de Loire (2013), New York, petite Pologne (2015) et Victoria Bretagne (2016), tous parus au Mercure de France, voici Rosa Panthère qui tire son titre du nom de scène donné par le dénommé James - figure familière du panthéon sentimental de l’écrivaine - à son amie d’enfance, la narratrice, quand il la faisait danser dans ses spectacles, "dans les intermèdes de ses acrobaties, pour son petit cirque". Voici pêle-mêle des souvenirs voletants de James, le dresseur de canaris, le jongleur au petit chien, l’ami du genre animal, le voyageur hasardeux qui un jour a disparu pour arpenter les océans du monde. Longtemps, régulièrement, James a donné des nouvelles des pays où s’amarraient les navires de tourisme sur lesquels, artiste saisonnier, il proposait aux passagers ses numéros de cabaret poétique. La narratrice diffracte les visages, vaporise les images de James, "l’absence de James". Marchant dans ses traces, depuis toujours "dernière de cordée", derrière ce garçon fantasque. "Depuis notre enfance, j’ai pour horizon le dos de James."

Emmanuelle Guattari entretient une relation douce avec le deuil - ici, la disparition de James fait aussi écho à celle d’une mère. Dans ses livres courts et denses, les morts ont une présence très sensible et pourtant légère, peut-être parce que ceux qui restent conservent avec les disparus un lien toujours vivant. V. R.

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