Après la couverture rose, la couverture bleue arrive en librairie le 6 mai, portée par un tirage de 60000 exemplaires. Puis arrivera le 2 septembre la version jaune, et un peu plus tard dans l'année un couverture arc-en-ciel. Sans promotion tapageuse, hormis l'aide de quelques blogueurs et blogueuses et du réseau Tik Tok, Burn after Writing, à la fois livre de psychothérapie et d'introspection, a trouvé un large lectorat, dans la lignée du récent succès du livre de Léna Situations (Toujours plus : +=+, Robert Laffont) l'automne dernier.
Questionnaire de Proust géant
Lorsqu'il est paru au Royaume-Uni en 2015, le livre n'avait pas été un succès. Ce sont les "millenials" qui en ont fait un objet viral sur le réseau social Tik Tok, un paradoxe pour un livre qui appelle à la déconnexion et s'oppose à la surexposition. Après un Tiki Tok virald'une londonnienne en février, le mot dièse #Burnafterwriting a été vu plus de 78 millions de fois sur le réseau chinois en quelques semaines. Sur Instagram, près de 2000 photos sont répertoriées sous ce même mot dièse.
Pour Guy Tredaniel, "cela correspond à une demande du public, liée au confinement: vouloir s'étudier soi-même". "Les gens sur les réseaux sociaux ne se dévoilent jamais vraiment, il y a toujours une part d'ombre".
La britannique (et discrète) Sharon Jones, après avoir constaté que le monde est devenu un gigantesque confessionnal où l’on partage tout sur les réseaux sociaux, a décidé d’écrire un livre qui prend à contre-pied cette tendance faussement socialisante. "Et si on ne partageait rien ?" s'interroge-t-elle pour lancer son concept de journal hyper intime. Ainsi, l’auteure met au défi le lecteur en lui proposant un jeu vérité avec lui-même.
En ces temps de perte de repères, chaque lecteur doit écrire son livre secret à travers un questionnaire de Proust géant, dont la seule vocation est d’être caché ou brûlé une fois achevé. Un autodafé émancipateur qui "est parti comme un feu de paille", comme le constate Guy Trédaniel.