14 mars > Essai France > Etienne Helmer

Alors que Diogène prenait le soleil, Alexandre le Grand lui aurait dit : "Demande-moi ce que tu veux." Il aurait répondu : "Cesse de me faire de l’ombre." Enfin, de tout cela nous ne sommes pas sûr, tant les documents sont rares, tout comme l’immense production de ce curieux personnage dont il ne reste que quelques fragments et lettres.

C’est un infréquentable du IVe siècle avant J.-C., un "Socrate devenu fou" selon l’historien de l’Antiquité Moses Finley. Etienne Helmer n’est pas d’accord. Ce philosophe (université de Porto Rico) le dit avec beaucoup de conviction dans une introduction à son œuvre aussi sérieuse qu’alerte. Et il répond à une question essentielle : peut-on dire d’un homme qui se masturbe en public, qui pisse sur les passants et leur crache au visage qu’il est un philosophe ?

Pour Etienne Helmer, cela ne fait aucun doute. Il le montre comme un "philosophe en situation", quelqu’un qui pose moins de questions qu’il ne fait réagir, une sorte de Big Lebowski poussé au-delà des limites du convenable.

Par ses manières de faire, Diogène bouscule les codes. Dans les cours qu’il lui a consacrés au Collège de France, Michel Foucault parlait de "courage de la vérité". Aussi, ce n’est pas le bouffon contestataire qui intéresse Etienne Helmer, mais la contestation qu’il installe, c’est-à-dire le risque de la liberté de penser.

De Diogène le cynique - littéralement "qui ressemble au chien" - on peut donc soutenir qu’il fut un philosophe à poil. Un homme qui met sa pensée à nu et qui va jusqu’au dernier souffle de sa liberté. Il serait d’ailleurs mort en retenant sa respiration. L. L.

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