Le talent de Chloe Hooper est décidément large. Découverte avec un premier roman, Un vrai crime pour livre d’enfant (Christian Bourgois, 2002, repris en Points), l’Australienne avait déjà surpris avec son récit, Grand homme (Christian Bourgois, 2009, repris en 10/18), où elle enquêtait sur un terrible fait divers.
Fiançailles marque son retour à la fiction. On fera ici connaissance avec une Anglaise, Liese, qui s’apprête à quitter l’Australie. Avant cela, l’héroïne de Chloe Hooper a accepté la proposition faite par un certain Alexander Colquhoun. Elle s’apprête donc à passer un long week-end de juin dans sa propriété dans l’Etat de Victoria moyennant finance.
Colquhoun, Liese l’a rencontré par le biais de son oncle, agent immobilier à Melbourne. Une ville où cette femme de 35 ans, qui a suivi une formation d’architecte, s’est installée afin de démarrer une nouvelle vie et de rembourser ses dettes. Alors qu’elle faisait visiter des appartements et des maisons à louer, Liese s’est un jour offerte une première fois à Alexander Colquoun, qui lui avait ensuite donné de l’argent. Une somme qu’elle avait acceptée, allant même jusqu’à s’inventer une double vie de prostituée afin d’alimenter ses fantasmes…
Voici cette fois que le monsieur vient la chercher avec sa Mercedes bordeaux sombre et la conduit dans sa grande propriété au milieu de nulle part. Alexander lui explique avoir envie de savoir qui elle est, qui elle est « réellement ». Au début, Liese semble partante, affirmant qu’une histoire d’amour « est une affaire tellement nébuleuse ; on ne sait jamais exactement quand elle commence ni quand elle finit, ni où on est d’un jour à l’autre ». Son hôte l’emmène pique-niquer dans le bush, lui confie des souvenirs d’enfance, lui dit qu’avec elle il peut être lui-même. Très vite, la tension monte, Liese se sent mal à l’aise. Tout comme le lecteur, premier spectateur d’une confrontation orchestrée de main de maître par une redoutable Chloe Hooper, qui s’interroge en chemin sur le désir, le fantasme et l’identité.
Al. F.
