Nicanor Parra, écrivain chilien iconoclaste et prophète autoproclamé de l'anti-poésie, est décédé le 23 janvier à l'âge de103 ans, a annoncé mardi le ministre de la Culture du Chili, Ernesto Ottone.
Lauréat de nombreuses récompenses dans son pays, Nicanor Parra avait remporté en 1969 le prix national de littéature, en 2001 le prix Reine Sophie de poésie ibéroaméricaine, en 2011 le prestigieux Prix Cervantes, le plus prestigieux de la littérature hispanique et en 2012 le prix Ibéroaméricain de poésie Pablo Neruda.
Le vieux poète, qui vivait retiré loin du monde dans la petite ville balnéaire de Las Cruces, refusait toute interview. Nicanor Parra est né le 5 septembre 1914 à San Fabian de Alico, dans la région de Chillan, au sud du Chili, dans une famille modeste qui a donné plusieurs artistes célèbres, comme sa soeur Violetta Parra, l'auteur de "Gracias a la vida", chanson popularisée par Mercedes Sosa et Joan Baez. Le fils de sa sœur, Angel Parra était aussi écrivain et chanteur.
Les premiers poèmes dès 1937
En 1937, ce physicien et mathématicien de formation publie ses premiers poèmes (
Cancionero sin nombre) et reçoit deux bourses pour étudier deux ans à la Brown University (Etats-Unis) et à Oxford (Royaume-Uni). A son retour, il enseigne la physique, dirige l'Ecole d’ingénierie de l'Université du Chili puis enseigne la littérature. Il devient célèbre en 1954 avec ses
Poèmes et Antipoèmes, acte de naissance de son "antipoésie", écriture irrévérencieuse, mondaine et simple à la fois, cherchant à faire sortir la poésie de son carcan et qui a caractérisé son œuvre. L'anthologie (1952-2014) a été coéditée par Le Seuil et la Maison de l'Amérique latine en juin dernier, traduit par Bernard Pautrat, avec la collaboration de Felipe Tupper, et une préface Philippe Lançon,
qui lui avait consacré un beau portrait dans Libération en mai 2011.