3 mai > Roman France > Denis Beneich

Un homme se revoit petit garçon dans l’appartement de ses parents. Il attend fébrilement une fête de famille. "A mon âge, il était normal de ne pas tout à fait comprendre ce que les adultes faisaient ou se racontaient." Les livres lui apportent un semblant de réponse, mais surtout un plaisir qui tranche avec son questionnement permanent. "Mes sentiments filiaux, je les avais cherchés au tréfonds de mon enfance, je ne les ai vus nulle part. Mon cœur était plus triste que ma pensée."

Des années plus tard, ce narrateur est en route vers son père, dégradé par la maladie d’Alzheimer. Le "vieil homme ne reconnaissait pas plus les autres que lui-même". Face à ce "corps prostré et malingre", le fils espère pourtant entrevoir la lueur d’un rapprochement. Mais le temps a parachevé son œuvre. Est-il vraiment possible de dissoudre le "malentendu d’une vie entière" ? Ne vaut-il pas mieux accepter que rien ne peut réparer les rendez-vous manqués ?

"Depuis longtemps, je redoutais d’avoir à dire adieu à mon père. Peut-être pour ne pas laisser le mot de la fin à la mort." C’est probablement pour cette raison que le héros a emmené son fils avec lui. Dans ce lieu peuplé "d’âmes hagardes et pétrifiées, mégères de Goya", ce dernier sème de la joie et de la vie. L’auteur Denis Beneich parvient à nous surprendre avec un petit texte plein de douceur, de drôlerie et de nostalgie. Il travaille, par ailleurs, comme traducteur et éditeur de lettres anglaises, notamment de l’Américain Dave Eggers. Ici, il boucle une boucle, "comme si l’enfant d’alors avait poursuivi son voyage inconnu dans l’inconnu. Toutes les promesses se doivent d’être tenues." K. E.

19.04 2017

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