L'Entre-deux noirs à la recherche d'actionnaires

Intérieur de la libraire Entre-deux-noirs

L'Entre-deux noirs à la recherche d'actionnaires

La librairie de Langon, sans repreneur, pourrait trouver son salut dans une société coopérative, initiée par un élu local.

Par Cécile Charonnat
avec cch Créé le 15.04.2015 à 19h12

Décidément, la formule coopérative commence à séduire en librairie. Après Poligny en octobre dernier et Le Grenier à Dinan, dont le projet est encore en cours, c'est L'Entre-deux-noirs, à Langon (Gironde), qui se dirige vers cette solution.

Son emblématique patron, Christophe Dupuis, cherche à transmettre la librairie, spécialisée en polar, depuis un an. Mais, dépité par la frilosité des banques et le manque de professionnalisme de certains projets, il songe à tirer définitivement le rideau fin juin. C'est sans compter sur Philippe Plagnol, l'adjoint à la culture de Langon, qui ne veut pas « voir la dernière librairie indépendante du territoire fermer ».

L'élu local, également président de la communauté de communes, met en chantier la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) pour sauver L'Entre-deux-noirs. Si la formule est assez lourde en termes de montage et de gestion, elle demande notamment un agrément préfectoral, renouvelable tous les cinq ans, c'est la seule qui permette d'associer des acteurs multiples : salariés, bénévoles, usagers, collectivités publiques (à hauteur maximale de 20%), entreprises, associations, particuliers.

Pour le reste, la librairie indépendante entre sans problème dans le cadre régi par les statuts de la SCIC. Elle produit « des biens ou des services qui répondent aux besoins collectifs d'un territoire », et « s'inscrit dans une logique de développement local et durable, est ancrée dans un territoire, et favorise l'action de proximité et le maillage des acteurs d'un même bassin d'emploi. »

Une forme "politiquement pas anodine"

Son fonctionnement doit respecter en outre les règles coopératives : répartition du pouvoir sur la base du principe 1 personne = 1 voix, implication de tous les associés à la vie de l'entreprise et aux décisions de gestion, maintien des résultats dans l'entreprise sous forme de réserves impartageables qui en garantissent l'autonomie et la pérennité.

Christophe Dupuis, qui trouve la forme intéressante et « politiquement pas anodine », se dit prêt à assurer la fonction de gérant salarié pendant un an, le temps « de trouver et de former mon successeur en douceur ».

Reste qu'il faut encore élaborer les statuts et proposer un plan de financement qui couvre les 75 000 euros du fonds de commerce, les 50 000 euros du stock et un an de fonctionnement de la librairie. Tout cela pour la rentrée, sous peine de voir la boutique s'éteindre une bonne fois pour toutes.

15.04 2015

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