Avec déjà près de soixante-dix titres à leur catalogue, les éditions Intervalles n’avaient jamais publié un manuscrit arrivé par la poste. C’est enfin le cas avec La nuit des secrets de David Doma. Lequel n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il s’était déjà fait remarquer en 2008 avec L’inconnue (éditions Bernard Pascuito). Né en 1967 et établi à Londres, Doma s’empare à son tour d’un sujet difficile, la Seconde Guerre mondiale, pour en donner une variation aussi romanesque que documentée.
Juif orthodoxe, Isaac Golder se rend à l’Institut français de Rome afin d’y rencontrer ses lecteurs. Cet homme de 82 ans a connu la gloire et l’argent, mais rien pourtant n’apaise ses angoisses. Cela fait plus d’un demi-siècle qu’il renâcle à son devoir, repousse l’instant de la confession. A Rome, devant son auditoire, il évoque Rachel Kaplan, sa camarade juive au lycée d’une ville de Corrèze en 1939. Belle et intelligente, Rachel avait déjà commencé à écrire.
Pendant la guerre, elle est arrêtée alors qu’il est caché par un voisin. Isaac a conservé le manuscrit du roman de Rachel. A la Libération, il devient marchand de journaux, s’installe à Paris, la cherche sans relâche. Quand il la croit perdue à jamais, Isaac se met en tête de publier son roman sous son nom à lui. La toile, qu’il dédie à Rachel, rencontre un énorme succès, est adapté au cinéma, traduit à l’étranger. Isaac ne sait pas ce qu’a traversé Rachel. Qu’elle a vécu l’enfer à Ravensbrück. A été sauvée par un SS et se trouve toujours en vie…
Le troisième protagoniste de l’affaire se nomme Juan Cerro. Il s’agit d’un employé de bibliothèque qui dirige une revue littéraire. Il se trouve être le fils de Horst Wolf, arrivé en Argentine en 1951 avec un passeport délivré par la Croix-Rouge. Horst est le SS qui a sauvé Rachel. Ce père, Juan l’a assassiné. Meurtre qu’il a besoin de confesser à un Isaac à qui il veut raconter l’étrange relation de Horst et de Rachel… Réflexion sur le mensonge et la culpabilité, La nuit des secrets ne se lâche pas. Al. F.
