L’opération vise à proposer à tous les libraires indépendants, obligés de tirer le rideau pendant le reconfinement, un référencement gratuit de leurs livres sur l’appli Intermarché dans un espace "drive solidaire". Charge aux clients de récupérer ensuite les livres commandés dans la librairie de leur ville. Selon l’enseigne, plus de 140 libraires ont déjà adhéré à la démarche.
Aider à la transition numérique
Dans la foulée, Carrefour puis Auchan ont annoncé des dispositifs similaires. Pour la première, il s’agit également de donner un accès gratuit à sa place de marché, lancée en juin, à tous les commerçants indépendants qui le souhaitent et de mettre en place une solution de numérisation accélérée. De son côté, Auchan offre l’accès à ses points de retraits sans coût additionnels pour tous les détaillants clients de Mondial Relay, comme les Furets du Nord.
Loin de représenter un élan de solidarité totalement désintéressé, ces initiatives se veulent surtout une réponse à Amazon, qui, par la voix de son patron en France, Frédéric Duval, interviewé jeudi 5 novembre sur RTL, avait offert "aux entrepreneurs français" d’aider à réaliser leur "transition numérique" en rejoignant le site. En plus de l’abonnement gratuit à sa place de marché pendant trois mois, Frédéric Duval proposait des webinaires, un "crédit promotionnel" sur Amazon pour lancer les produits et, à partir du 8 décembre, une série de formation complète à l’écosystème numérique.
Les libraires ont leurs propres outils
S’agissant des libraires, Amazon a, depuis, pratiqué allègrement le rétropédalage, affichant sur sa page d’accueil « livres » le message suivant : "La lecture est essentielle. Les libraires indépendants sont des acteurs fondamentaux de l’univers du livre. En cette période de confinement, nous vous encourageons à les soutenir dans leur rôle crucial de promotion du livre et de la lecture. Vous pouvez aider votre librairie de quartier grâce à la commande à distance et au retrait en librairie."
Loin d’être dupes, les libraires dénoncent plutôt "une opération de communication" sur leur dos, du "bookstorewashing". Amazon a conscience qu'en France, le débat est bien plus existentiel qu'ailleurs. "La majorité des librairies ont désormais leur propre dispositif et misent dessus", rappelle Guillaume Husson, délégué général du Syndicat français de la librairie (SLF). Parfois artisanales, ces formules rencontrent en tout cas un franc succès, à Paris comme en province. Et les plateformes marchandes dédiées aux libraires connaissent une belle croissance depuis le premier confinement.