C'est "un jury foncièrement honnête" qui décerne le prix le plus prisé de France, nous assure Bernard Pivot dans l'entretien qu'il nous a accordé à l'occasion de la parution de son "roman", intitulé Oui, mais quelle est la question ?. Et si le Goncourt n'a pas sélectionné Les lisières d'Olivier Adam, alors qu'il y a cinq ans A l'abri de rien, arrivé en finale, n'avait été éliminé qu'au bout de 14 tours de scrutin, c'est, nous dit-il, que "le jury a changé". Les jurés qui avaient voté pour lui sont sans doute ceux qui ont disparu, nous explique le créateur d'"Apostrophes" et désormais juré Goncourt.

Les libraires, eux, n'ont pas changé. Ils sont toujours fidèles à Olivier Adam dont ils avaient aimé les précédents romans. Cette année, Les lisières, boudé par la critique et les prix littéraires, est véritablement plébiscité : quels que soient leur âge, leur sexe ou la catégorie de leur point de vente, les libraires interrogés pour Livres Hebdo par I+C placent cet ouvrage largement en tête du palmarès de leurs romans français préférés.

Une fidélité qui ne les empêche pas de faire des découvertes : ils ont ainsi sélectionné également trois premiers romans, La déesse des petites victoires de Yannick Grannec, 12e (Anne Carrière), La théorie de l'information d'Aurélien Bellanger, 16e (Gallimard), et Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck, 19e (Minuit).

On notera au passage qu'Actes Sud compte quatre romans parmi les dix premiers, ceux de Jérôme Ferrari (2e), Laurent Gaudé (3e), Mathias Enard (6e) et Metin Arditi (8e).

En littérature étrangère, le coup de coeur des libraires va au magistral roman du prix Nobel de littérature Toni Morrison. Home se retrouve ainsi au coude à coude avec le nouveau livre de l'Islandaise Audur Ava Olafsdottir, dont ils avaient adoré Rosa candida en 2010. Mais ils ont aussi lu et apprécié des ouvrages d'auteurs moins connus, comme Ron Rash (3e), au Seuil, Julie Otsuka (5e), chez Phébus, ou Jennifer Egan dont Stock a publié le premier roman en français.

Au total, les 321 libraires de divers secteurs (grandes et petites librairies indépendantes, grandes surfaces culturelles...) interrogés par I+C ont mis en avant 138 romans français sur un total de 426 lancés à la rentrée et 84 romans étrangers sur 220. C'est donc un bon tiers de la production de la rentrée littéraire qu'ils ont apprécié.

A eux, maintenant, de faire partager leur appétit de lecture.