"Les conditions sont mauvaises partout, elles sont horribles en Pologne", explique à l’AFP Alfred Bujara d’Amazon Pologne, qui évoque des gestes définis à la "seconde" et des employés "virés" quand ils ne tiennent plus les cadences. D’autres évoquent la surveillance des employés à travers des méthodes contestées de "tracking" ou la suppression des pauses, ou bien encore déplorent leurs salaires trop faibles et réclament des conventions collectives.
Face à une multinationale tentaculaire, avec plus de 800 entrepôts répartis sur les cinq continents, les représentants réunis en Allemagne espèrent internationaliser la lutte et accumuler des connaissances afin de faire pencher la balance en faveur des salariés. "Ce partage d'informations sur les différentes normes, les cadences imposées dans les autres pays, va nous permettre de mieux négocier en Pologne", se réjouit Alfred Bujara.
Une grève mondiale ?
Les employés d'Amazon confient d'ailleurs échanger entre pays, mais de manière informelle, sous les radars de leur employeur, notamment via des groupes de conversations privés, explique à l'AFP le syndicaliste britannique (UNI) Matthew Painter. De tels échanges avaient abouti à une grève simultanée en Espagne, en Allemagne et en Grande-Bretagne lors du Black Friday, le 28 novembre, l’un des jours les plus lucratifs pour Amazon.
"Quand il y a un mouvement coordonné entre nous, une grève simultanée en France, en Italie et en Espagne, Amazon réagit. Quand il y a confrontation, Amazon accepte d'entamer des négociations", assure Stefanie Nutzenberger, du syndicat allemand Verdi. Prochaine étape, une grève à l’échelle mondiale ? "Ce serait difficile tant les législations sont différentes selon les pays", indique Matthew Painter. "Nous nous préparerons à d'autres conflits et ils dépasseront nos frontières [européennes]", promet de son côté Stefanie Nutzenberger.