Moins de 38 millions de poches grand public (« mass market paperback ») ont été vendus en 2021, contre près de 55,4 millions en 2017, soit une baisse de 31,5 %, selon les données de l'institut américain NPD Bookscan. Pour sa part, sur la même période, l'Association des éditeurs américains (Association of American Publishers) observe une chute de 42,7 % en valeur des ventes de livres de ce format papier, à 430 millions de dollars en 2020 contre 750 millions en 2017. D'après les deux institutions, la pente devrait continuer de s'accentuer cette année en valeur comme en nombre de volumes vendus,

Le succès des livres électroniques bon marché, surtout dans les genres littéraires tels que la SF ou la fantasy, qui peuvent parfois se vendre à moins d'un dollar dans le cas d'un ouvrage autoédité, constitue le premier facteur avancé pour expliquer cette tendance à la baisse. Le prix est en effet l'un des principaux attraits du poche avec l'accessibilité et la portabilité.

La limite du prix de vente des poches, paramètre intrinsèque à ce format papier, a donc été mise en avant par certaines maisons pour traduire cette baisse tendancielle. Certains ont dû réduire leur production du fait d'une pression exacerbée sur leurs marges durant une période d'augmentation des coûts, a notamment expliqué Craig Swinwood, le PDG de HarperCollins Canada et d'Harlequin. Du côté des distributeurs, l'américain ReaderLink, explique lui que ce ralentissement est lié à des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement et à un manque de capacité d'impression.

Le poche garde la cote

Toutefois, selon l'Association des éditeurs américains, sur 100 livres vendus en mai 2022, 38,6 d'entre eux étaient au format de poche, dont 1,5 de type mass market et 37,1 de type paperback. 33,8 étaient des livres reliés, 12,3 des livres numériques et 9,7 des livres audio. Chez HarperCollins Canada, le P-DG Craig Swinwood estime que le livre de poche demeure le vecteur indispensable pour présenter de nouveaux auteurs au public.

Selon NPD Bookscan, à la date du 23 juillet, les trois livres de poche qui se sont le plus vendus outre-Atlantique depuis le début de l'année sont :

• Rich Dad Poor Dad (Plata) de Robert T. Kiyosaki et Sharon L. Lechter vendu à près de 160 000 exemplaires, édité la première fois en France sous le nom de Père riche, père pauvre : devenir riche ne s'apprend pas à l'école ! (Un monde différent, 2000)
• 1984 de George Orwell (Signet) vendu à plus de 150 000 exemplaires
• Lord of the flies de William Golding (Perigee) s'est vendu à plus de 123 000 exemplaires. Prix Nobel de littérature en 1983, il a été édité la première fois en France par Gallimard en 1956 sous le titre de Sa Majesté des mouches