Journée d'étude

L’évaluation, un outil indispensable pour les bibliothèques

L’évaluation, un outil indispensable pour les bibliothèques

La journée d’étude organisée le 3 octobre à Nantes par l’Association des directeurs des bibliothèques municipales et des groupements intercommunaux des villes de France a mis en évidence la nécessité pour les bibliothèques de se doter d’outils pour évaluer leur activité mais aussi leur impact social, éducatif et culturel.

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Par Véronique Heurtematte
Créé le 04.10.2017 à 21h00

Plus de soixante-dix professionnels se sont retrouvés à Nantes, mardi 3 octobre, pour la journée d’étude de l’ADBGV (Association des directeurs des bibliothèques municipales et des groupements intercommunaux des villes de France) consacrée à la place des démarches d’évaluation dans les établissements de lecture publique.

Les bibliothèques disposent depuis longtemps d'outils leur permettant d’évaluer leur activité, mais la nécessité d’évaluer également leur impact culturel, éducatif et social sur leur environnement en associant données qualitatives et quantitatives s’est récemment imposée. Ces démarches doivent aujourd’hui s’inscrire au cœur du pilotage et de l’organisation de la bibliothèque car cette évaluation constitue un outil indispensable pour communiquer avec le public et avec les décideurs, comme l’ont illustré les différentes interventions de la journée d’étude.

Evaluations

A Lyon, le baromètre de satisfaction réalisé dans les 15 établissements de lecture publique de la ville avait pour objectif de mesurer l’impact de la mise en œuvre des 198 actions du projet d’établissement lancé en 2012 et de mieux connaître les publics. Il a touché 4500 visiteurs sur place et 500 sur le web, qui ont donné leur appréciation sur les services des bibliothèques et décrit leur connaissance et leur utilisation de ces services. "Les notes inférieures à 12 sur 20 indiquent des points critiques à améliorer d’urgence", a précisé Béatrice Pallud-Burbaud, directrice-adjointe de la Bibliothèque municipale de Lyon.

Dans le cadre de son ambitieux programme de réaménagement en 2015, la bibliothèque La Grand Plage à Roubaix a créé une mission évaluation au sein de son pôle des services au public qui fournit des tableaux de bord à partir des données d’activité et des statistiques agrégées, en fonction des demandes : répondre à l’enquête annuelle du service du livre et de la lecture du ministère de la Culture, renseigner une question particulière.

Le réseau des bibliothèques de Nantes s’est lui aussi doté d’un service Evaluation et innovation à l’occasion de la mise en place de son nouveau projet d’établissement en 2016, issu d’un dialogue citoyen. Son travail a notamment permis de comparer dans chaque bibliothèque le profil des usagers à celui des habitants du quartier. "Nous avons dû géolocaliser nos usagers ce qui pose la question de la qualité des données", a souligné Laurent Favreau, responsable du service Evaluation et innovation.
 
A Lille, les données concernant les collections et les usagers sont utilisées pour élaborer la politique documentaire. "On repère facilement les documents les plus empruntés, les plus réservés, a expliqué Catherine Dhérent, directrice de la Bibliothèque municipale de Lille. Cela nous a permis d'identifier un décalage entre nos acquisitions, où les romans sont prépondérants, et la demande où la BD arrive en tête".
 
Un outil de communication

Disposer de données quantitatives et qualitatives fines est aujourd’hui indispensable pour valoriser la bibliothèque auprès du grand public et auprès des décideurs, de plus en plus désireux d'être convaincus chiffres à l’appui. A Rennes, les résultats de l’évaluation des Champs libres, 10 ans après son ouverture, ont été communiqués largement et servent de base à la rédaction du futur projet d’établissement. Un groupe de travail s’est constitué au sein de l’Arald, l’agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, afin de créer des outils mutualisés. Il a entre autres publié un guide intitulé "Des bibliothèques, pour quoi faire?"
 
Le recours aux outils d’évaluation pose cependant un certain nombre de questions. "Il existe beaucoup de biais à notre enquête, a reconnu Béatrice Pallud-Burbaud. Seuls les utilisateurs présents répondent au questionnaire. On ne touche pas les non-usagers Il faut aussi garder à l’esprit que les gens ont tendance à surévaluer leur utilisation de nos services". Les participants se sont également interrogés sur la pertinence de communiquer des chiffres qui ne seraient pas très bons.
Pour Pierre Carbone, inspecteur général des bibliothèques, les évaluations doivent surtout servir à mesurer l’accomplissement des objectifs fixés par un établissement. Les comparaisons, sont quant à elles, plus éclairantes entre établissements semblables, plutôt qu’entre une bibliothèque précise et des moyennes nationales.

"L’évaluation ne peut se faire que dans un contexte précis où des objectifs ont été fixés, a conclu Christine Carrier, directrice de la Bibliothèque publique d’information. D’où l’importance d’élaborer un projet scientifique et culturel qui permet de dialoguer avec les équipes et avec les décideurs".

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