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L’annonce de la mise en liquidation judiciaire des éditions Jacob – Duvernet (Livres Hebdo, 25 avril 2014) offre une regrettable occasion de s’arrêter, sans s’en tenir à ce cas, sur la situation de nombre de maisons d’édition de petite taille.

Si l’on considère couramment, depuis plusieurs décennies, que les cinq premières années d’existence d’une maison d’édition sont les plus périlleuses (une maison sur deux disparaît pendant les cinq ans qui suivent sa création), la liquidation de Jacob-Duvernet, maison fondée en 1998, vient rappeler la précarité durable de ces structures. Il peut suffire d’un ou deux exercices successifs sans qu’un titre se dégage du lot des ventes moyennes pour sonner le glas d’une activité vieille d’une quinzaine d’années. Et le fonds ne change pas grand chose à l’affaire : quelle bibliothèque universitaire serait en effet aujourd’hui encore en mesure de compléter son offre ou de renouveler des exemplaires parvenus à bout de souffle alors même que la plupart d’entre elles, comme les librairies, peinent à acquérir les nouveautés sans devoir se résoudre à une terrible sélection ? Que dire alors des catalogues d’éditeurs essentiellement composés de titres liés à l’actualité ? Que dire aussi des accidents de  justice qui font littéralement exploser en vol des maisons ayant réussi pendant des années à faire leur chemin dans cette forêt d’embûches ?

Depuis les années 1970, la vague de création de structures d’édition a fait émerger des maisons qui comptent aujourd’hui dans le paysage éditorial : L’Olivier, Viviane Hamy, Métailié, Sabine Wespieser, Les Arènes, Thierry Magnier, Mémo, Nouveau Monde sont quelques exemples de ce relatif renouvellement de la démographie éditoriale.

Si la place occupée par ces maisons n’a pas été obtenue sans peine et ne doit pas faire oublier que quantité de nouvelles structures de cette époque  ont disparu sans laisser de trace, leur existence conduit à s’interroger sur la possibilité, aujourd’hui, de voir des maisons s’installer avec quelques chances d’atteindre un niveau significatif d’activité et d’assurer leur viabilité dans le relativement long terme. Au-delà de la question du renouvellement des acteurs de l’édition, les enjeux sont de différents ordres : ceux liés à la diversité de l’offre éditoriale (à laquelle, parmi d’autres, les maisons citées contribuent de manière appréciable); ceux liés au devenir des fonds éditoriaux (leur disparition pure et simple semble avoir pris le pas sur les pratiques de reprise); ceux relatifs à la transmission même de ces maisons (quelles voies restent possibles entre absorption et liquidation et  dans quelle mesure une maison d’édition reste-t-elle un bien transmissible dans le cercle familial ?) ; ceux ayant trait au rôle des autres acteurs du livre (le marché des bibliothèques peut – il encore constituer une base pour les jeunes structures éditoriales ? ) ; ceux, enfin, qui touchent, par divers aspects , au numérique gros capteur d’attention, d’énergie et de moyens, et redoutable élément d’évaluation des catalogues éditoriaux au moment où se joue l’avenir des structures qui les ont élaborés… ou leur liquidation. 

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