Dans la fratrie littéraire des Powys, après l'illustre John Cowper, le sédentaire et méconnu Theodore Francis, Llewelyn (né en 1884) était le cadet. Ils avaient un autre frère, Willie, le benjamin, qui s'était établi en tant que fermier au Kenya, alors colonie britannique. Et justement, c'est afin d'aider Willie et de soigner sa tuberculose que Llewelyn s'embarqua pour l'Afrique en 1914. Il y est demeuré jusqu'à l'été 1919, date de son retour au pays, remplaçant même son frère parti combattre dans les fusiliers montés d'Afrique de l'Est. Une folie, selon Llewelyn, qui détestait la guerre et les militaires.
Il a aussi détesté l'Afrique, « ce continent sinistre », ce « pays terrible, sans âme ». Sa touffeur, ses bêtes sauvages, ses coloniaux alcooliques, grossiers, massacreurs d'animaux, et racistes, même s'il n'éprouvait pas non plus une grande empathie pour les autochtones. Llewelyn est un atrabilaire, un misanthrope, qui est totalement passé à côté d'une chance unique : découvrir une civilisation, un continent, des peuples. Il s'y est toujours senti « en exil », bienheureux de rentrer dans son vieux pays chrétien et tempéré. Il voyagera beaucoup après, mais c'est une autre histoire. De cette expérience africaine, il a laissé des récits « d'ébène », mêlés à des contes anglais « d'ivoire », et le recueil Le rire noir, ici rassemblés et traduits avec élégance par Patrick Reumaux. C'est tout à fait curieux, drôle, énervant, et souvent bien vu.
De l'ébène à l'ivoire Traduit de l'anglais par Patrick Reumaux
Klincksieck
Tirage: NC
Prix: 19 € ; 336 p.
ISBN: 9782252046968