ÉDITO par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

Photo OLIVIER DION

"Plus l'édition se dématérialise et se globalise, plus on a besoin de contacts entre l'éditeur, le libraire et le lecteur", plaide Héloïse d'Ormesson, comme en écho aux Rencontres nationales de la librairie, les 15 et 16 mai à Lyon. Fondatrice il y a cinq ans des éditions du même nom, elle inaugure la série de quatre entretiens avec des éditeurs indépendants que nous publierons pendant tout ce mois de juin. Elle appelle les libraires à "se mobiliser, se fédérer", et à faire de leurs librairies des lieux "de culture et de rencontres au sens large". Il faut bien admettre que ces idées font leur chemin alors que se profile le transfert sur supports numériques d'une bonne part de la production éditoriale.

Après les libraires français à Lyon, et les libraires britanniques au même moment à Londres, les libraires américains, réunis le 24 mai à New York en assemblée générale, ont à leur tour appelé les éditeurs à revisiter leurs conditions commerciales pour bâtir avec eux un "nouveau modèle économique durable" pour la librairie. Dans ce pays où le prix public du livre est libre, c'est moins le niveau des remises, rarement inférieur à 40 %, qui fait débat, que l'ensemble des autres éléments de la relation commerciale : délais de paiement, conditions de retour, possibilités de dépôts, participation des éditeurs aux frais de promotion... Mais les libraires indépendants expriment aux Etats-Unis comme en France et en Grande-Bretagne la même demande de reconnaissance par l'édition de la qualité spécifique de leur travail de découverte et de défrichage.

Les conditions sont-elles réunies pour l'élaboration d'un "new deal" entre édition et librairie ? Sur un plan purement matériel en tout cas, les libraires sont en mesure de proposer des lieux de rendez-vous. Comme le montre notre enquête, ils sont de plus en plus nombreux en France et en Belgique à adjoindre à leur commerce de livres, comme aux Etats-Unis, des cafés, salons de thé, bars ou caves à vin. A défaut d'en dégager toujours un chiffre d'affaires et une marge considérables, ils en tirent une visibilité et une notoriété accrues, pour que leur librairie soit un lieu "de culture et de rencontres au sens large".

28.06 2016

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