Hommage

Manuel Carcassonne se souvient de Jean-Claude Fasquelle

Le P-DG de Stock, Manuel Carcassonne, en confinement en avril 2020 - Photo DR.

Manuel Carcassonne se souvient de Jean-Claude Fasquelle

Le directeur général de Stock est entré dans le monde de l'édition grâce à Jean-Claude Fasquelle, alors patron de Grasset, disparu samedi 13 mars. Il lui rend hommage dans un texte reçu par Livres Hebdo.

Par Livres Hebdo
Créé le 15.03.2021 à 13h55

"Je suis entré chez Grasset en 1991. J’avais 25 ans.
Trente ans ont passé mais il me sera impossible d’oublier la silhouette de ce commandeur que fut Jean-Claude Fasquelle.
Il m’a invité à déjeuner au Perron, son QG sarde, et c’était fait. Pas de curriculum vitae à l’époque ni de directeur des ressources humaines. C’était Dieu le Père pour moi, en même temps qu’un jongleur de toutes les tendances du Grasset de l’époque, un acrobate entre la droite et la gauche, les jurés qui lui mangeaient dans la main et les autres qui la mordaient.
Sous son costume Lanvin sur mesure, et ses silences expressifs comme des ordres, il savait mieux que personne ce que c’est qu’un artiste.
Il faut acheter à la baisse me disait-il, et parfois s’endormait à la fin d’un déjeuner trop arrosé, « il m’a tellement bien écouté » m’avait dit un académicien ravi de lui voir les yeux clos.
Chef de meute, héritier d’un clan marseillais, petit-fils de l’éditeur de Zola, il n’avait que peu de mots mais chacun visait juste.
En somme le contraire de beaucoup aujourd’hui.
Je lui dois tout.
Et surtout de m’avoir montré qu’on pouvait être jeune à tous les âges, et que le présent avait bien un passé. Le renier c’était se renier soi-même.
Maurice Barres est sorti par la porte, il ne reviendra pas par la fenêtre avait-il dit lors d’un comité de lecture, devant nos visages ahuris.
Avec sa femme Nikki c’était un couple à la fois anticonformiste et puissant.
Un bon mélange pour réussir dans l’édition."

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