Ne plus adhérer. Employée modèle, Claire vit en apnée depuis des années, dans une « syncope permanente » qui lui a fait oublier qu'il existait une vie en dehors du travail. Mais la jeune femme n'« adhère » plus. Un décalage s'est insinué entre elle et ses collègues. Ce fut d'abord une petite marche au sortir de l'ascenseur, contre laquelle elle se cognait chaque jour, invariablement. « J'entrais dans ma journée avec une plaie qui avait l'air de vouloir me dire quelque chose. » Puis les larmes, quotidiennes. L'inquiétude de ses parents qui ne la voyaient rien construire, ni famille, ni pavillon. Jusqu'à ce qu'un soir, Claire se lève de son poste, ouvre la trappe menant au toit et fasse l'expérience d'« un nouveau point de vue ». « Je reconnais ce qui était déjà là, un paysage que je voyais chaque jour, mais que je n'avais pas pris le temps de lire. »

« Rapide / Discrète / Efficace / Mais manque d'audace / Naïve / Provinciale » : est-ce la lecture de ces mots figurant dans son dossier dans le bureau de la direction qui l'a menée sur ce toit ? Saisissant ce moment où les certitudes s'effondrent, Palais de verre suit pas à pas une femme dans sa quête d'une liberté radicale. Poétiques et d'une remarquable puissance évocatrice, les mots de Mariette Navarro résonnent avec ce mal-être contemporain et nous encouragent, pour ne pas nous effondrer à notre tour, à « conjurer la violence de l'existence en l'ignorant ». Des mots qui appuient là où ça fait mal, et dessillent nos yeux aveuglés par les néons de la modernité.