On ne présente plus Ry Cooder. L’homme qui a signé la bande originale de Paris Texas de Wim Wenders ou lancé le Buena Vista Social Club. Un musicien qui a tenu sa première guitare à l’âge de 3 ans. Né en 1947 à Los Angeles, Cooder avait déjà rendu hommage à la cité des anges avec l’album Chavez Ravine où il célébrait un quartier mythique de la ville, en haut des collines, derrière Chinatown.

Le voici qui ajoute une corde à son arc en signant Los Angeles nostalgie. Un recueil de nouvelles traduit chez 13e Note éditions où il joue avec les codes du roman noir et parle abondamment de musique. Les histoires du volume se déroulent entre 1940 et 1960. Le héros de la première, Frank St Claire, a 38 ans. Il habite un studio sur Alta Vista Boulevard, dans un immeuble en bois du vieux quartier de Bunker Hill.

Frank travaille pour le Los Angeles City Directory. Une publication annuelle qui fournit les noms, adresses et professions des habitants de la ville, publication où il est payé au tarif de vingt-cinq cents par entrée. Il rencontre des gens, va sonner aux portes. Sympathise avec un chanteur d’opéra italien qui finit mal, croise des Mexicains, des Russes, sillonne Little Tokyo, le quartier japonais.

Plus loin, on découvre Ray. Un tailleur fou de jazz et de blues, né d’une mère antillaise et d’un père sicilien. Lequel reçoit la visite d’un T. Bone Walker en route pour la gloire dans sa Lincoln Continental, ou prépare des zoot suits pour Johnny l’As de pique Mumford qui n’aura hélas pas le temps de les étrenner…

Membre d’un trio élégant et raffiné qui se produit à La Bamba, le narrateur de « La vida es un sueño » a une chambre avec balcon dans le grand barrio d’East Los Angeles, qui surplombe Hollenbeck Park. Fou de cinéma, il ne rate aucun film au Million Dollar sur Broadway. Ry Cooder, lui, nous offre la visite d’une ville énorme et métissée, un vrai dédale de différentes classes sociales qui vaut le détour.

Al. F.