On cherche... on cherche... mais on ne trouve pas. Par quelle magie le mot huître devient-il le mot momie, et le mot belette le mot cerbère ? Dans cet album époustouflant, un seul nom d'animal figure en gros au milieu de la page de gauche. On relève le rabat et hop ! on lit un autre nom. Le haut des lettres reste, mais le bas devient tout autre. Résultat, le mot change du tout au tout. Incroyable métamorphose qui mue le grillon en sphynx, le dragon en banane, la puce en ange, etc. Sur la page de droite, le dessin se transforme lui aussi. La carapace rayée de la puce devient une boucle des cheveux de l'ange, la queue du scorpion se fait crochet à la main du corsaire, la tête de la grenouille vire à la face de gargouille. On est moins bluffé par le tour de passe-passe des images, qui paraît moins spectaculaire que celle qui transmue les mots. Cet album transformiste, on le doit à trois talents conjugués, celui d'Alis qui a créé une « police coupable », et celui de Raphaële Enjary et Olivier Philipponeau. On adore ces seize animaux qui, sous leurs airs patelins, cachent d'autres êtres, souvent plus effrayants et avec une dose d'irréalité supérieure : le hareng, un fantôme, l'oie, un orc, l'ours, un djinn et le ouistiti, une sorcière. Fabuleux, on vous dit. Fabienne Jacob