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Montreuil 2024 : « Il y a encore des artistes qui souhaitent publier des livres musicaux »

De gauche à droite, Anne-Valérie Malavieille, Christine Valot, Karine Menguy et Vincent Blavier. - Photo EC

Montreuil 2024 : « Il y a encore des artistes qui souhaitent publier des livres musicaux »

Parmi les nombreux échanges professionnels de la 40e édition du Salon de Montreuil, la table ronde « Omnis : objets musicaux non identifiés, quel avenir pour le livre-disque et objets musicaux jeunesse ? » s’est tenue jeudi 28 novembre. Elle a été l’occasion, pour les acteurs du livre qui en produisent toujours, de défendre la cohabitation de l’objet musical avec les nouvelles productions audio et sonores.

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Par Élodie Carreira
Créé le 30.11.2024 à 13h00

Alors que les créations sonores se réinventent au gré des évolutions technologiques et du développement des plateformes de streaming, quel peut être l’avenir du livre-musique et du livre- CD ? C’est la question à laquelle plusieurs acteurs du livre ont tâché de répondre, jeudi 28 novembre, lors d’une table ronde dédiée à la problématique sur le Salon de Montreuil.

« Avec la transformation des propositions sonores, l’usage des QR code, de l’intelligence artificielle, des boîtes à histoires, est-ce que la fin du bon vieux livre-disque a sonné ? », a lancé Dominique Moutel, membre du réseau Ram Dam qui réunit les acteurs de la création musicale jeune public. Une inquiétude légitime : supplantés par les nouvelles technologies, les lecteurs CD ont, par exemple, totalement disparu des grandes surfaces.

« Aujourd’hui, les ventes de livres CD en librairies sont en déclin » (Mélanie Perry, Didier Jeunesse)

« Le marché a beaucoup évolué. Aujourd’hui, les ventes de livres CD en libraires sont en déclin », a confirmé Mélanie Perry, directrice de Didier Jeunesse. En dépit de ce constat plutôt pessimiste, l’éditrice a néanmoins nuancé, expliquant que l’héritage patrimonial de la maison, impulsé par Michèle Moreau dans les années 1980, est « toujours écouté sur les plateformes de musique ». Un phénomène qui pourrait bien enfler avec l’arrivée de Spotify sur le marché français du livre audio, qui représentait, jusque-là, seulement 2 % du secteur de l’édition.

Si les éditions Didier Jeunesse s’adaptent aux pratiques contemporaines, elles continuent néanmoins de s’illustrer avec quatre nouveaux livres-CD par an, intégrés à la collection emblématique du catalogue. Intitulée « Les plus belles comptines du monde », celle-ci implique qu’une « collecteuse » puisse se rendre dans les régions reculées de la planète pour découvrir des dialectes peu répandus et pratiqués.

Une expérience immersive totale

« Il y a encore des artistes qui souhaitent publier des livres musicaux », a également défendu le coscénariste Vincent Blavier. Producteur du titre musical Les enfantillages d’Aldebert (Gallimard Jeunesse, 2014), ce dernier a notamment fait le constat que « certains parents se plaignent de ne plus avoir de CD, puisque cela implique inévitablement d’être connecté ». Également auteur du conte musical Smartville publié chez Glénat, l’artiste continue, par ailleurs, de vouloir « donner aux gens un véritable spectacle immersif », que seul une production musicale de qualité peut, d’après lui, encore proposer.

« Pour nous, l’audio est capital. Après tout, le conte est d’abord oral », a également soutenu Christine Valot, fondatrice des éditions indépendantes Le jardin des mots. Si la maison n’a pas non plus renoncé à l’objet livre et reste en retrait des plateformes musicales, celle-ci a néanmoins intégré les usages courants. Ainsi, onze titres de sa collection phare « Les Savoureux » sont estampillés d’un QR code renvoyant le lecteur sur la version audio du titre, disponible sur le site de la maison.

« Le QR code commence à gagner du terrain »

Aujourd’hui, le modèle économique des livres-CD, plus onéreux à la fabrication, est-il encore viable ? Et celui-ci continue-t-il de capter le public ? « Il y a encore quelques prêts de livre-CD en bibliothèque, mais c’est vrai que celui-ci n’est plus vraiment utilisé dans les voitures, comme ça l’était avant, pendant les longs trajets en vacances, a indiqué Anne-Valérie Malavieille de la médiathèque parisienne Marguerite Yourcenar. Le QR code commence à sérieusement gagner du terrain et c’est une option qui nous permet d’ailleurs de ramener vers ce format des parents qui n’ont plus, à la maison, de lecteur CD. »

Concernant les éditions Didier Jeunesse, Adélaïde Chataignier, cheffe de projet musique, a admis que la maison s’était engagée dans un processus de cession de droits auprès d’une variété de conteuses, pour pallier le déficit de popularité du genre. Pour autant, l’ensemble des professionnels interrogés refusent de croire que le livre CD pourrait être tout à fait abandonné, et tous restent globalement optimistes sur son avenir. « La lecture numérique est extrêmement gourmande en termes d’archivage de données, a indiqué Mélanie Perry, L’hébergement web est coûteux et énergivore, on ne peut donc pas exclure un potentiel retour vers les supports physiques ».

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