L'été a été chaud et violent. On nous l'avait dit. On l'avait entendu sans vouloir le croire. C'est toujours pareil avec les rapports du GIEC : tous les gouvernements disent très bien, puis ils les rangent dans le dossier des pertes en pensant que les profits, la technologie vont compenser tout cela. Voilà pourquoi le livre de Nathanaël Wallenhorst est important. Il pose la vraie, la seule question en définitive qui importe puisqu'on sait que nous allons dans le mur : qui sauvera la planète ? Elle a 4,5 milliards d'années et on lui en prévoit encore 7,5 milliards avant de mourir. Mais depuis quelques milliers d'années, il y a l'homme. À la fin de sa vie, Claude Lévi-Strauss voyait cette espèce proliférante comme un ver dans un fruit trop mûr, un fruit dans lequel on puisait trop.
Le livre passionnant de Nathanaël Wallenhorst prend appui sur ce constat. Il n'est pas pour autant aussi pessimiste que le grand anthropologue. Un sursaut est possible, une volonté probable. D'où viendra-t-elle ? Des États, des citoyens ou de la Terre elle-même qui comme un organisme pollué recrachera le poison avec les humains qui l'auront produit ? On connaît la formule de Jacques Chirac sur la maison qui brûle pendant que nous regardons ailleurs. Et si c'était nous qui brûlions en regardant ailleurs ? Et si c'était notre combat un peu vain que nous mettions en scène à défaut de nous poser les vraies questions ? Il y a dans cette histoire de réchauffement climatique des interrogations pertinentes, mais leur mise en scène trouble les réponses que l'on pourrait envisager.
Le travail de Wallenhorst consiste à dessiller notre regard. Nous voyons tout cela à travers des lunettes médiatiques dont la correction est loin d'être parfaite. « Pourquoi la vie sociale et politique n'est-elle pas organisée à partir de ce que nous savons qui n'a souvent rien à voir avec ce que nous croyons ou avec ce que nous voulons croire ? » La question est essentielle. Il suffit de se souvenir de la pandémie et son corollaire de prétendus complots, de remèdes miracles et de chiffres interprétés.
Mais ce chercheur en environnement ne surfe pas pour autant sur la vague des récits apocalyptiques élaborés sur les ruines du progrès. Il fait le tri entre ces récits scientifiques et met en garde contre l'utilisation politique de ceux-ci. En effet, la situation d'urgence écologique peut amener certains régimes à prendre des mesures dangereuses pour les libertés. Le temps presse pour changer de modes de vie car on sait que le compte à rebours a commencé. Nathanaël Wallenhorst a lu un bon millier d'articles scientifiques sur le changement climatique. Il en fait profiter ses lecteurs. Pour les mettre en garde, il développe plusieurs scénarios, six au total, qui balaient la typologie de cette ère de l'anthropocène. La fragilité du climat révèle aussi celle de la démocratie. Il importe de les préserver l'un et l'autre. Et de se rappeler que le plus fragile, c'est encore l'espèce humaine puisque, qu'on le veuille ou non, « nous sommes la Terre ».
Qui sauvera la planète ? les technocrates, les autocrates ou les démocrates…
Actes Sud
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 20 € ; 302 p.
ISBN: 9782330158019