Nouvelles

On les a longtemps appelés Eskimos, ces peuples du Grand Nord (canadien entre autres), un nom qui évoquait le froid polaire, la glace, et qui nous faisait rêver. Eux s'appellent Inuits (singulier Inuk), et leurs patronymes sont souvent changeants, selon qu'ils se retrouvent entre eux, Amérindiens autochtones, ou dans le monde que les Blancs leur ont imposé. Aussi Norma Dunning ne s'appelle sûrement pas comme ça, elle qui consacre un recueil de nouvelles à ses compatriotes. Des femmes surtout, énergiques, puissantes, libres, comme Annie Mukluk (et non Muktuk comme l'appellent les autres, calembour intraduisible). Bien que haïssant les Blancs, Annie baise avec tous ceux qu'elle peut, les domine et les jette ensuite. Avec le pasteur Moses Henry dont elle est éprise, et Johnny, son ami, son frère, elle forme un sacré trio, qui a beaucoup inspiré Norma Dunning. Sinon, il y a le vieux M. Tootoosis, dont l'âme s'échappera dans la toundra pour faire place à un petit être tout neuf, ou encore Josephee et sa femme Elysee, en train de mourir d'un cancer du sein, qui partent dans la toundra pour consulter les esprits. Verdict : cesser de se battre.

Norma Dunning- Photo © EMILY WELZ STUDIOS

Tout cela, pour nous Français, est d'un puissant exotisme, avec des problématiques différentes des nôtres (le sort des minorités autochtones, le problème de la langue dans laquelle elles écrivent, de sa traduction en anglais puis en français). Nous découvrons un monde, cru, brutal, encore profondément animiste, et sa littérature.

Norma Dunning
Annie Muktuk Traduit de l'anglais par Daniel Grenier
Mémoire d’encrier
Tirage: 1 200 ex.
Prix: 18 € ; 198 p.
ISBN: 9782897127404

Les dernières
actualités