"Le développement de l’offre numérique en France semble avoir freiné sa cadence", constate Joëlle Tubiana, associée du cabinet KPMG, qui dirige le baromètre d’évaluation de cette offre réalisé depuis deux ans par le cabinet d’audit. 62 % des éditeurs ayant répondu (1) publient en numérique, soit le même niveau que l’an dernier. Toutes les maisons dont le chiffre d’affaires dépasse 20 millions d’euros ont franchi le pas, contre la moitié seulement de celles qui font moins de 5 millions d’euros de CA. Les 4/5e des éditeurs qui n’ont pas de catalogue numérique ne prévoient pas d’en créer un, ou n’en savent rien, parce que ce n’est pas adapté à leur marché (les beaux livres, par exemple), ou que l’investissement serait trop coûteux par rapport aux ventes espérées.
Près de la moitié des éditeurs appliquent un rabais de 30 % sur la version numérique, mais 9 % disent aller jusqu’à 40 %, et 11 % jusqu'à 50 %. Moins de la moitié des éditeurs révisent le prix du numérique lors de la sortie du poche pour l’aligner sur le petit format, voire moins. Faute de pouvoir calculer la part de marché des revendeurs, KPMG a demandé aux éditeurs de les classer. Amazon arrive premier pour la moitié d’entre eux, devant Apple, second pour 54 % et Kobo-Fnac ; Google Play est parfois derrière les libraires indépendants. Apple s’impose chez les éditeurs de beaux livres et de bande dessinée.
Pour 58 % des répondants, l’édition numérique permet d’atteindre un public différent, mais pour 12 %, elle offre d’abord une meilleure rentabilité que le papier, surtout dans le juridique. Pour 70 % des maisons, le numérique représente moins de 5 % du chiffre d’affaires, mais il devient appréciable avec 5 à 10 % des recettes pour 20 % d’entre elles. En recettes nettes éditeurs, aucun ne dépasse le million d’euros, la quasi-totalité étant à moins de 500 000 euros.
Les droits numériques sont fixés par rapport au prix public hors taxe par 68 % des maisons, et à un niveau égal aux droits papier dans 38 % des cas. C’est désavantageux pour les auteurs, le prix numérique étant moindre. Un tiers des éditeurs reconnaissent ne pas avoir de clause de réexamen dans leur contrat, bien qu’elle soit prévue par la nouvelle réglementation. Hervé Hugueny
(1) Baromètre réalisé entre février et mai 2015 ; 143 éditeurs interrogés, 82 répondants, dont 7 groupes. A télécharger ci-contre.