Aussi loin que remontent les archives accessibles en ligne de
Télérama (2003), ce titre emblématique de l'actualité de la culture n'avait jusqu'alors jamais consacré un article aux bibliothèques (ou médiathèques) de lecture publique dans leur généralité. Certains établissements avaient fait l'objet d'un article (Oloron-Sainte-Marie par exemple ou Françoise Sagan à Paris plus récemment) mais aucun article n'avait présenté ces équipements culturels dans leur ensemble alors qu'ils sont pourtant si nombreux et (presque) tous abonnés à
Télérama !
En cette mi-janvier
cette lacune est désormais comblée et les professionnels peuvent se féliciter de cette visibilité ainsi acquise. Ils reçoivent sans doute par cet article la récompense de leurs efforts pour remanier le cadre de pensée de leur métier. Les journées d'études, les formations, les écrits, les conférences, stages, voyages et autres moments consacrés à la mutation des bibliothèques conduisent à une vision renouvelée. La montée en puissance du thème du « troisième lieu » a fédéré sous une même bannière les tenants du renouveau.
Donc, oui,
les bibliothèques se réinventent et ce faisant elles optimisent les chances d'assurer ainsi la pérennité de leur existence. Un directeur des affaires culturelles dressant le bilan très satisfaisant de la nouvelle médiathèque ouverte depuis deux ans dans sa commune m'expliquait que les élus un peu « dubitatifs » au départ du projet en sont désormais très « fiers ». Les professionnels et les élus vont pouvoir s'appuyer sur l'article de
Télérama pour soutenir des projets de nouveaux établissements ou de rénovation grâce à l'image rénovée qu'il donne des bibliothèques.
Celles-ci ne sont plus un équipement dont s'occupe le monde des professionnels
mais un objet politique dont s'emparent les élus. C'est un soutien essentiel et complémentaire de la démarche du
Grand Prix Livres-Hebdo des bibliothèques. Cela répond à la nécessité désormais de faire la preuve du bien-fondé d'un projet, de faire la pédagogie du changement par l'exemple. Le « geste architectural », le « fait du prince » ne suffisent plus à convaincre des administrés plongés dans la défiance. L'article devrait donc réjouir la profession dans son ensemble.
Bien sûr, parce qu’il s’adresse au grand public et qu’il est rédigé par une journaliste non spécialisé, l’article peut décevoir un peu certains professionnels dont quelques uns se sont exprimés. Par manque de place, il n’a pas pu rendre compte de la subtilité des témoignages recueillis. S’il n’est pas aussi pointu qu’on aurait pu l’espérer, il a le mérite de livrer une image modernisée des bibliothèques. Celles-ci sont présentées sous un jour favorable au rebours de ce qui se dégageait du débat public autour des horaires d'ouverture.
La mutation est donc en marche et même bien avancée. Le glissement de l’ancien modèle de bibliothèque vers le nouveau est sous-terrain et progressif. La médiatisation à l'extérieur du monde des bibliothèques donne à voir le changement en marche. Cela produit une sorte de séisme avec les faibles secousses qui l'accompagnent. Cela n'empêchera pas le processus de se poursuivre et la nouvelle définition de l'emporter.