17 novembre > Biographie France > Jean Haechler

Pas de hasard, Balthazar

Jean Haechler - Photo DR/Séguier

Pas de hasard, Balthazar

Une biographie, signée Jean Haechler, de celui qui, au Siècle des lumières, porta la critique gastronomique au rang des beaux-arts.

Par Olivier Mony
avec Créé le 04.11.2016 à 00h32

Il s’appelait Balthazar Grimod de La Reynière. A l’heure où vacillait le vieux monde dont il était l’héritier paradoxal, il avait tous les dons et surtout celui d’exaspérer son entourage, ses parents, auxquels il ne pouvait pardonner leur morgue de classe et leurs préjugés. Sinon, doué comme tout, grand et assez beau garçon, excentrique, amoureux perpétuellement transi, critique dramatique redouté, avocat des réprouvés, allant sans barguigner de Charybde en Scylla, il ne lui manquait qu’une chose (hormis l’amour, donc) : des doigts. Né infirme, ayant vécu sa vie équipé de prothèses qu’il dissimulait sous des gants blancs, Grimod de La Reynière ne sut jamais sans doute être vraiment heureux. Ce fut son drame de tous les jours, mais aussi le moteur de son désir de forcer sa chance. Petit-fils d’un riche bourgeois aimant tant les plaisirs de la table qu’il mourut d’une indigestion, il n’y eut pas de hasard dans sa vie et il devint en quelque sorte la figure fondatrice de la gastronomie en Occident.

Dans Balthazar Grimod de La Reynière, un gastronome à la table des Lumières, Jean Haechler nous décrit brillamment notre homme renvoyé à sa richesse, c’est-à-dire à ses contradictions, ses fulgurances, ses chagrins et, finalement, sa solitude. Grimod y est montré comme l’enfant monstrueux et essentiel de son temps, comme extrait de la nuit et dans l’attente d’une aube nouvelle. Olivier Mony

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