Par une coïncidence dont l’actualité est coutumière, le palmarès du 7e grand prix Livres Hebdo des Bibliothèques francophones est dévoilé au lendemain de la publication de l’enquête Pisa sur les performances respectives des dispositifs éducatifs nationaux. Celle-ci confirme la médiocre position du système scolaire français. La France se caractérise notamment par sa piètre capacité à réduire les inégalités. Cet enjeu est pourtant devenu majeur, dans le monde entier, pour contrer la montée des violences et de l’intolérance. Or les bibliothécaires figurent parmi les premiers à l’avoir compris et à en tirer les conséquences dans leur activité quotidienne.
Le palmarès du grand prix Livres Hebdo des Bibliothèques 2016, détaillé dans ce numéro du magazine après avoir été révélé jeudi 8 décembre au soir à la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac), à Paris, témoigne de la priorité au lien social affirmée dans l’essentiel des bibliothèques de France. A l’examen des dossiers, le jury s’est montré particulièrement admiratif devant l’attention portée partout par les bibliothécaires aux usagers de leurs établissements, des outils de "design thinking" déployés à grande échelle à Lezoux, prix de l’Innovation, à la stratégie de conquête de nouveaux publics mise en œuvre autour du jeu à Héricourt, prix de l’Animation.
Le réseau municipal de Dunkerque, lauréat du grand prix, comme la médiathèque de l’hôpital de Garches, qui reçoit un "coup de cœur" pour l’inventivité de sa démarche de rassemblement de publics très différents autour de la connaissance scientifique, font ressortir les trésors d’imagination dont font preuve les bibliothèques pour compenser des moyens souvent déficients et même, le plus souvent aujourd’hui, en régression. On repense au slogan du président Valéry Giscard d’Estaing, il y a quarante ans, lors du premier choc pétrolier : "En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées." Il ne faudrait pas toutefois que le dynamisme des bibliothécaires serve d’alibi aux collectivités locales pour poursuivre des politiques de restrictions budgétaires dont les conséquences sont aisément prévisibles.
