Toile de fond. Le « plat pays » belge n'est de fait pas particulièrement réputé pour son relief. Montagnes et cavités y sont rares. Néanmoins, le 8 août 1956, 262 mineurs trouvent la mort lors de l'explosion du puits du Bois du Cazier. Katarczyna Leszczynska de son véritable et imprononçable patronyme, ou Catherine Lézin pour la plume, rare femme journaliste au Soir, est désignée contre toute attente pour couvrir le procès qui, en marge de la catastrophe, s'ouvre deux ans plus tard. Deux mineurs italiens auraient ainsi profité du drame pour se débarrasser d'un insupportable chefaillon. Polaks, Ritals, discrimination, misogynie, droit de cuissage, racisme, immigration : le cocktail éternel est prêt. L'audience débute le 15 septembre 1958 à 9h30 et remue autant de souffrance que de fiel, émaillés de bribes d'hier plus ou moins laides, revenues des pays quittés et délabrés par la guerre. Heureusement, la conjugaison de quelques pugnacités à contre-courant des rumeurs et des convictions xénophobes ouvre une voie vers les clairières de l'impartialité.

D'abord rédigé durant les confinements sous la forme d'une pièce de théâtre et lu, notamment aux Quais du Polar en 2021, par quelques amis auteurs (Michel Bussi, Franck Thilliez, Olivier Truc, Colin Niel, Alexandra Schwartzbrod, Nicolas Lebel...), Devant Dieu et les hommes mute aujourd'hui en un autre solide roman de Paul Colize, plaisant et assuré, à l'instar de précédents Back Up ou Un monde merveilleux, ce dernier simultanément réédité en « Folio Policier ».