Depuis 2017, les personnes détenues du centre pénitentiaire de Châteauroux (Indre) bénéficient de deux sorties par an, à l’automne et au printemps, pour découvrir la médiathèque Equinoxe. Lors d’une journée culturelle, un groupe de quatre personnes détenues est accueilli par deux bibliothécaires pour une rencontre de deux heures. Organisée dans le cadre de cours d’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les personnes détenues en situation d’illettrisme, chaque sortie s’effectue en compagnie de l’enseignant à l’initiative du projet, Luc Favre, et des conseillers du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) de l’Indre. Les personnes détenues sont invitées à cheminer dans les rayons, à échanger avec l’équipe et à poser des questions préparées en amont. "Ce qui revient souvent, c’est qu’ils n’ont pas de souvenir d’être allés en bibliothèque, raconte Isabelle Drault, responsable de la coordination des animations du réseau des bibliothèques de Châteauroux. Ceux qui ont des enfants savent que ces derniers y vont avec l’école, poursuit-elle, mais ils ne pensaient pas qu’il y avait de la musique, des films, des journaux, ni que c’était un service gratuit. Bien souvent, ils s’aperçoivent que les représentations qu’ils avaient de la bibliothèque étaient fausses." Au cours de la dernière demi-heure, personnes détenues, bibliothécaires et conseillers d’insertion se prêtent avec l’enseignant au jeu de la lecture à voix haute, de "quelques mots à un petit passage", précise Luc Favre. Ce dernier demande ensuite à ses élèves de choisir un ouvrage en lien avec un projet qu’ils souhaitent mener pendant ou après le temps de détention. Que ce soit un livre sur le tatouage, un recueil de poèmes d’amour ou un guide touristique en vue d’un futur voyage, "l’idée est de générer des questionnements, de créer une envie d’écrits et de se documenter", insiste l’enseignant pour qui les retombées de l’initiative se situent également au-delà du groupe réduit participant en créant, au sein du centre pénitentiaire, "une dynamique, des solidarités et des échanges verbaux entre des personnes qui d’habitude n’échangent pas" ainsi qu’"une extraordinaire bouffée d’oxygène au parloir".

Léopoldine Leblanc