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Persécuté par la Chine, Lam Wing-kee ouvre une librairie à Taiwan

Lam Wing-kee - Photo BBC.

Persécuté par la Chine, Lam Wing-kee ouvre une librairie à Taiwan

Il y a cinq ans, Lam Wing-kee avait été l'un des éditeurs et libraires hong-kongais arrêté et détenu par la Chine. Profitant d'une fuite à Taïwan, il vient d'y ouvrir une librairie.

Par Vincy Thomas
avec afp Créé le 27.04.2020 à 18h00

Lam Wing-kee, libraire de Hong Kong qui avait été détenu en Chine continentale pour avoir vendu des ouvrages critiquant le régime, a ouvert samedi 25 avril une librairie à Taïwan, où il est réfugié, malgré les pressions de Pékin. La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, dont les relations avec Pékin sont très mauvaises, a envoyé un bouquet de fleurs pour l'ouverture. La présidente refuse de reconnaître le principe défendu par Pékin selon lequel Taïwan fait partie d'une "Chine unique". Mais le gouvernement rechignait jusqu'alors à accueillir ceux qui fuient l'autre rive du détroit de Formose, de peur de compliquer encore les relations avec Pékin ou de provoquer un afflux massif.

Sous le signe de la liberté

"Cette réouverture (de la librairie) est très significative", a déclaré Lam Wing-kee, 64 ans, à des journalistes dans sa nouvelle boutique, Causeway Bay Books, située à Taipei. Elle "montre que Taïwan est un endroit qui jouit de liberté et de démocratie et que nous avons toujours le droit de lire des livres", a-t-il ajouté. Il a d'ailleurs posé sur un mur de son magasin, en guise d'inauguration, une calligraphie encadrée avec le mot "Liberté".

Il y a un an, Lam Wing-kee s'était enfui à Taïwan pour éviter d'être livré à Pékin, alors que le autorités de Hong Kong étudiaient la possibilité d'autoriser l'extradition des habitants du territoire vers la Chine continentale. L'annonce de ce projet, abandonné par la suite, avait provoqué des mois de manifestations massives dans les rues du territoire, haut-lieu de la finance internationale.

Une affaire qui remonte à 2015

L'éditeur et libraire était l'un des cinq libraires de Hong Kong "disparus" fin 2015 après avoir vendu des ouvrages critiques envers Pékin. Ils avaient été emprisonnés en Chine où ils avaient fait des "aveux" télévisés. Tous travaillaient pour Mighty Current, une maison d'édition spécialisée dans les titres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois et les intrigues politiques au sommet du pouvoir. Leur disparition avait été vivement condamnée par la communauté internationale. Lam Wing-kee avait lancé l'alerte sur le sort des libraires disparus. Après huit mois d'emprisonnement, il avait été autorisé à revenir, en juin 2016, à Hong Kong, à condition de récupérer un disque dur contenant la liste des clients de sa librairie, et de rentrer en Chine continentale. Au lieu de quoi il avait convoqué une conférence de presse pour révéler comment les policiers chinois lui avaient bandé les yeux et l'avaient interrogé pendant des mois.

Toujours menacé

La nouvelle librairie a été financée par une campagne de collecte de fonds participative lancée en septembre 2019 sur Internet, qui avait permis de réunir 90000 euros en une seule journée, selon Lam Wing-kee, et qui a réuni au total le double de cette somme.

Pourtant, les menaces continuent. Mardi, un individu avait aspergé l'éditeur de peinture rouge et, la veille, il avait reçu une lettre menaçant de le poursuivre en justice, de la part d'une personne affirmant avoir déjà déposé le nom de la librairie. La police a aussi ouvert une enquête sur des menaces de mort contre lui postées sur la page Facebook d'une agence gouvernementale chinoise.

Lam Wing-kee a fui à Taïwan, qui n'a pas d'accord d'extradition avec Pékin. Mais, ayant contrevenu aux conditions de sa libération sous caution, il est toujours recherché par la Chine.

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