Pinar Selek, "Azucena ou Les fourmis zinzines" (Des femmes-Antoinette Fouque) : Magie du cœur

Pinar Selek - Photo DR

Pinar Selek, "Azucena ou Les fourmis zinzines" (Des femmes-Antoinette Fouque) : Magie du cœur

Autour de l'énigmatique Azucena gravite un petit groupe d'idéalistes. Un conte onirique par l'auteure d'origine turque Pinar Selek.

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Par Kerenn Elkaim
Créé le 12.04.2022 à 16h00

« Vous avez fait de moi un étranger dans mon propre pays. » Une phrase qui pourrait s'appliquer à Pinar Selek. Essayiste et romancière, cette universitaire engagée défend le féminisme, la liberté et les droits de l'homme. Elle en a payé le prix, puisqu'elle a été emprisonnée en Turquie, sa terre natale où elle est toujours perçue comme une menace potentielle. Aussi s'est-elle exilée à Nice, ville refuge à laquelle elle rend si joliment hommage dans ce conte métaphorique. « Au Moyen-Âge, on mettait les fous, les marginaux dans un bateau qu'on envoyait au large sur les côtes désertes. » L'auteure préfère les recueillir dans ses livres profondément humains. Ici, on suit l'énigmatique Azucena, alias Bleue, aux chaussures rouges. « Comme une créature d'une autre planète. Elle modifie l'atmosphère et dégage une énergie. » Elle croise un homme dans un train, séduit par tant d'entrain. Mais que fuit-elle ? Et pourquoi a-t-elle l'impression d'être « née vieille » ? « Je m'étais enterrée dans un cercle secret. » Elle entraîne ses fantômes dans ses péripéties et s'entoure d'une merveilleuse cour de personnages atypiques. Il y a le marin solitaire tout blanc Gouel, la fée idéaliste Manu, la journaliste Kathy ou le poète au grand cœur Alex.

Telle une magicienne, Azucena les touche par sa grâce et son joyeux chagrin. Tous rêvent d'une société qui ne serait pas à la merci du capitalisme. « C'est le monde dans lequel on vit qui est absurde. Plus absurde que nos rêves. » N'empêche qu'il ne faut jamais renoncer à eux « pour ne pas apprendre le désespoir ».

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