Les crédits scolaires pour 2018, en hausse de 1,5 milliard d’euros, font toutefois l’objet de redistributions internes importantes. Le plan numérique des collèges, une des mesures phares du précédent gouvernement, sur l’injonction de la présidence de la République d’alors, disparaît presque entièrement.
Il reste 30 millions d’euros provenant du programme des investissements d’avenir (PIA), qui "permettra de financer des actions innovantes en faveur du numérique éducatif, notamment en matière de développement des ressources pédagogiques numériques et de soutien à la ruralité affectée à l’orientation", selon le document budgétaire. Sur le budget de l’Education nationale, le "numérique pour l’éducation" est doté de 12,08 millions d’euros en 2018, crédit porté à 13,88 millions d’euros en 2020.
En 2016 et 2017, 354 millions d’euros étaient affectés à l’achat de tablettes pour les collégiens, et à l’acquisition de manuels numériques à hauteur de 30 euros par élève. Les (importants) crédits non consommés seraient préservés pour poursuivre les équipements déjà engagés, d’après ce que le ministère laisse entendre aux départements, partenaires obligés de ce plan numérique, qu’ils devaient cofinancer à 50 % pour l’achat du matériel. La charge restait quand même trop lourde, et ils sont finalement soulagés par l’arrêt du plan.
Dans un bilan récent, l’Assemblée des départements de France recommande très fermement d’encourager l’usage des tablettes personnelles des élèves (BYOD, "bring your own device", selon l’expression anglaise, ces expériences ayant démarré aux Etats-Unis), complété d’un matériel restant en classe.
Rien n’est précisé concernant le renouvellement des licences des manuels numériques. Devant la commission des finances du Sénat, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, a rattaché ce sujet au financement des manuels scolaires. Il a refusé une rallonge budgétaire pour parachever l’équipement de manuels conformes aux nouveaux programmes du collège, très incomplet selon les éditeurs, mais il a souhaité une discussion plus large, englobant aussi bien les manuels du primaire que ceux du lycée, recommandant des livres moins gros et moins coûteux, et "un usage harmonieux du numérique".
Hervé Hugueny