C’est une nuit pas comme les autres, une nuit d’observation. A plus de 4 000 mètres d’altitude, au sommet du volcan Mauna Kea sur l’île d’Hawaï, Trinh Xuan Thuan regarde le ciel. L’astrophysicien qui enseigne à l’université de Virginie scrute les galaxies naines qui émettent de la lumière bleue. "Bien que je fréquente les observatoires depuis des décennies, je suis toujours émerveillé devant la beauté du cosmos." A le lire, on comprend vite pourquoi.
L’histoire qu’il nous raconte est plus ou moins connue. Elle n’en reste pas moins stupéfiante. C’est celle de l’univers, de notre système solaire, mais aussi de nous-mêmes, poussières d’étoiles perdues dans une immensité qui s’éloigne. Il y a une dimension spirituelle dans l’observation du ciel, ce n’est pas le bouddhiste Trinh Xuan Thuan qui dira le contraire, et la nuit qui s’impose comme le laboratoire du savant devient vite mystique. "La nuit crée invariablement en moi un état très particulier, une sorte de calme et de sérénité qui apaise l’esprit."
Dans ce récit, ce formidable passeur de sciences, né à Hanoï en 1948, explique pourquoi le ciel est noir, pourquoi sans la Lune il n’y aurait pas de vie sur Terre ou pourquoi les éclipses solaires vont disparaître dans un lointain avenir. L’auteur de La plénitude du vide (Albin Michel, 2016) a réussi un livre très personnel dans lequel l’histoire de l’univers se mêle à l’histoire personnelle, où la vulgarisation la plus limpide est rythmée par des citations d’illustres écrivains et des photographies à couper le souffle. L. L.