Le congrès annuel de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) s'achève avec des sourires. « Le Congrès est un temps fort pour que les collègues se retrouvent, et rencontrent leurs fournisseurs sur le salon professionnel. On est contents d'être là ! », résume la présidente de l’association, Hélène Brochard, qui compte plus de 600 inscrits. Retour, en six sujets qui ont retenu l'attention, sur trois jours riches de débats et de rencontres autour de la politique documentaire.
Le prêt d’objet attise la curiosité
C’est un sujet qui a marqué nombre de bibliothécaires interrogés : le prêt d’objets autres que le livre. On pense à la médiathèque des 7 lieux à Bayeux et ses sacs d’observation des oiseaux. Permettre à la population de ne pas avoir à acheter des objets qui resteraient la majeure partie du temps dans le placard, s’inscrit en plus dans une démarche éco-responsable, ajoute Michaël Michalak, responsable de la médiathèque de Rouvroy (Pas-de-Calais).
Que faire des CD et DVD en perte de vitesse ? « Des personnes refusent d’écouter de la musique sur des plateformes de streaming, qui fonctionnent avec des algorithmes », témoigne Gwénolé Gestin, bibliothécaire numérique à Vitré (Ille-et-Vilaine). Éternelle question : faut-il alors continuer à investir dans un objet pour une minorité ? « C’est dans la co-construction qu’on saura quoi faire. C’est en impliquant un maximum de personnes dans la réflexion que se dégagera une piste », avance le jeune professionnel à béret et lunettes rondes.
Renforcer la casquette de formateurs
C’est un objectif que les bibliothécaires ont martelé : faire la médiation de leur offre. Mais plus encore que médiateurs, les bibliothécaires sont-ils amenés à être davantage formateurs ? Les bibliothécaires universitaires ont déjà ce rôle de former leurs étudiants à utiliser les ressources documentaires de manière efficace. En bibliothèque territoriale, c’est à monter en puissance, suggèrent des concernés.
L’écologie en arrière-plan…
…mais qui se voulait comme fil rouge. « C’est une nécessité, on ne s’en sortira pas sans », souligne Magali Meunier, bibliothécaire à Science Po Bordeaux et Présidente du groupe Aquitaine de l’ABF. Il faudra attendre le mois de décembre pour participer à la journée d’étude de la commission Bibliothèques vertes de l’ABF.
S’emparer de la Loi Robert
Le Congrès sert à prendre de la hauteur. Les bibliothécaires ont pris le temps de réfléchir aux principes généraux de la loi bibliothèque promulguée il y a un an et demi. Dominique Lahary en a offert une synthèse attendue et remarquée. « Il a réaffirmé l’importance de la neutralité, pas incompatible avec l’engagement, engagement pour l’environnement par exemple », retient Fany Barbey, de la médiathèque Elsa-Triolet, à l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le jeu entre objectivité et subjectivité dans la constitution d’une collection a fait l’objet de deux rencontres.
Baisse des budgets
Comment proposer une collection pluraliste quand le budget est divisé par deux ? Comment en faire la médiation, quand le budget animations subit le même sort ? Les bibliothécaires mentionnent aussi le coût des livres numériques, qui ne va pas forcément à la baisse, notamment dans l’édition scientifique…
Mais Michaël Michalak voit le verre à moitié plein : « Dépenser vingt euros pour un livre, ça peut être énorme pour une personne. Et quand on est parent d’un enfant qui veut lire toute une série de mangas… C’est là que notre bibliothèque, totalement gratuite, est plus que jamais attendue. »
Retour du public ?
« On remonte doucement la pente du Covid et on a revu nos méthodes : être encore plus sur le terrain, s’asseoir et discuter pendant trente minutes avec l’usager », poursuit Michaël Michalak. A la médiathèque Flora-Tristan de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), la population est toujours à (re)conquérir. La responsable de la politique documentaire est venue recueillir des idées. « Une bibliothécaire a raconté avoir fait une vidéo sur TikTok pour présenter des romans jeunes adultes, et ils sont tous partis ! », s’inspire Marie-Pierre Junqua.
Le Congrès gagne en tout cas des inscrits par rapport à l’année dernière. « C’est pour tout le monde, pas seulement pour les cadres, comme à l’ADBU », apprécie une bibliothécaire universitaire.
L’année prochaine, rendez-vous à Toulon, avec pour thème les questions de l’action culturelle et de l’animation.