Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

L’enquête que nous consacrons cette semaine à l’émergence dans l’édition de stratégies de ressources humaines paraîtra sans doute exotique à certains de nos lecteurs. L’édition est encore dans une large mesure une industrie de PME, et même de TPE, dans lesquelles la gestion du personnel consiste avant tout en un ensemble de tâches administratives dont on perçoit surtout la lourdeur. Et que dire des librairies, où elle relève le plus souvent du propriétaire du magasin, rarement en mesure de la placer en tête de ses priorités. Ou encore des bibliothèques, où la situation est encore compliquée par les règles statutaires spécifiques à la fonction publique.

Pour l’instant, seule une poignée de grands groupes s’est dotée de véritables politiques de ressources humaines, avec des directions pour les penser et les mettre en œuvre. Leur introduction est souvent récente ; elles n’imprègnent pas toujours toutes les filiales et départements des sociétés concernées. Mais leur ambition croissante témoigne d’un besoin de plus en plus pressant des groupes de fidéliser leurs salariés pour éviter la fuite des talents. La concurrence entre les entreprises du secteur ne se joue pas seulement sur le marché du livre, mais aussi sur celui de leurs collaborateurs, des éditeurs qui garantissent son dynamisme.

La question se pose aussi aux plus petites maisons, tout aussi confrontées au besoin de s’appuyer sur des équipes performantes et responsables, heureuses d’incarner un projet et de contribuer au développement d’un catalogue. Leur réticence à élaborer des politiques sociales d’ensemble ne s’explique pas toujours seulement par leur manque de moyens. Elle rappelle celles qu’elles manifestaient il y a vingt-cinq ans devant l’extension du domaine du marketing éditorial. Chacune avec son identité propre, elles y sont toutes finalement venues. Sans forcément y perdre leur âme.

15.04 2016

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