Le rythme de commandes s'est ralenti durant cette période estivale et les dysfonctionnements internes chez MDS, qui avaient entraîné des retards de livraisons considérables en fin d'année dernière, semblent s'estomper. Mais quelques soucis persistent avec la filiale distribution du groupe Médias-Participations, et certaines librairies craignent de subir de nouvelles perturbations pour la rentrée qui s'approche à grands pas. « Au niveau des délais de livraison, c'est mieux maintenant, disons que nous sommes moins mal que nous l'avons été », estime Franck Mancois, de la librairie Bulles d'Encre à Poitiers (Vienne).
Des dysfonctionnements persistants
Mais plusieurs librairies françaises appelées dans le cadre de cette enquête signalent des dysfonctionnements persistants. Pour ce libraire de Valence (Drôme), un colis MDS manque encore à l'appel. Fred Sendon, gérant d'Au Grand Nulle Part, une librairie de Rouen spécialisée dans la bande-dessinée, constate de son côté des retards de plusieurs jours. « Ce n'est toujours pas revenu pleinement à la normale. Nous ne sommes toujours pas livrés en temps et en heure », déplore-t-il.
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Des libraires font part également de soucis lors de la réception de leurs colis. Erreurs dans leur composition, incohérences, « par exemple en mai dernier nous avons eu un avoir d'un office de mars, notre comptable a du mal à s'y retrouver, en outre, les livres arrivent de plus en plus abîmés, explique le co-gérant de la librairie Le Grain des mots à Montpellier. « Mais ce problème n'est pas spécifique à MDS », précise-t-il toutefois. « Les ouvrages distribués par MDS sont défectueux, ce sont des livres que le distributeur remet dans le circuit malgré tout », dénonce aussi Franck Mancois à Poitiers. Pour la librairie poitevine La Bruyère Vagabonde, tout n'est pas encore bien « calé » : « les livraisons sont parfois incomplètes, et facturées, donc nous passons un temps fou à vérifier les avoirs... », déplore Véronique Gauduchon, la gérante. Satisfaite des taux de remise en vigueur, elle dit malgré tout prendre le parti de la confiance avec le distributeur.
Des inquiétudes palpables pour la rentrée
Pour la période faste de la rentrée 2022 qui s'ouvre bientôt, certains libraires envisagent d'anticiper les commandes, « quitte à remplacer certains titres par d'autres, proposer tel éditeur plutôt qu'un autre, voire faire Noël sans tenir compte du fonds distribué par MDS » glisse Franck Mancois. « Nous allons faire en sorte de ne pas avoir à subir », tranche-t-il.
Evoquant les difficultés rencontrées par le distributeur pour les fêtes de fin d'année dernière, qu'il qualifie « d'accident industriel », Fred Sendon s'interroge : « MDS va-t-il être capable de maintenir son rythme pour septembre et octobre ? ». Des inquiétudes échelonnées selon le type de librairie. « Je suis spécialisée nature et environnement, je suis donc moins assujettie à la rentrée littéraire, mais avec les livraisons incomplètes et tardives, c'est surtout la fin d'année qui m'inquiète », confie Véronique Gauduchon de la librairie La Bruyère Vagabonde à Poitiers.
Pour rappel, MDS a absorbé en début d'année un surcroît d'éditeurs, une trentaine de maisons au total dont Seuil, l'Olivier, Métailié, Delachaux et Niestlé, ou encore le Nouvel Attila. « Même si ça s'est plutôt arrangé, la difficulté à présent pour MDS c'est d'absorber les éditeurs qu'ils ont repris », estime le gérant de La Sorbonne, librairie niçoise. Un autre élément d'inquiétude pour les libraires donc et un véritable défi pour le distributeur qui avait annoncé des mesures compensatoires : investissements en termes d'automatisation à l'usine de Dourdan, doublement des effectifs de représentants...
Pour contrer les écueils de fin 2021, que MDS justifiait par des décalages d’office dus aux retards des imprimeurs mais aussi par la croissance inattendue du marché du livre, des difficultés de recrutement et les absences internes liées au Covid, le distributeur avait annoncé des embauches supplémentaires, la mise en place du travail de nuit et d'un dispositif d'urgence pour traiter en priorité les commandes de un ou deux exemplaires maximum. Mais aussi des échéances supplémentaires pour les factures réassort et nouveautés, le prolongement des crédits retours...
Sollicité pour commenter la situation et communiquer sur d'éventuelles mesures envisagées pour la rentrée à venir, le groupe Média-Diffusion n'a pas donné suite à nos demandes.
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