Journaliste, écrivain, historien, Robert Colonna d'Istria est, avant tout, corse. Et, contrairement à nombre de ses compatriotes depuis des siècles, il n'est jamais parti tenter fortune hors de son île. Il a donc toute légitimité pour raconter l'histoire de ces « grandes figures de la Corse », deux cents portraits environ, en grande majorité des hommes − mais un volume consacré aux grandes femmes de la Corse est déjà en chantier. Colomba n'a pas à s'inquiéter.

Le livre est d'abord chronologique. Il part du Moyen-Âge et raconte les Corses célèbres avant que l'île de Beauté ne devienne française, par achat aux Génois en 1768. Soit un an avant la naissance d'un certain Napoléon Bonaparte, « image adulée et refoulée », mais évidemment emblématique, tout comme l'est, dans un autre genre, Tino Rossi. Même si cela peut agacer les Corses qu'on les réduise à quelques clichés. La partie thématique passe en revue les politiques, les industriels, les artistes ou les écrivains, comme Paul Valéry ou Claude Farrère, des demi-Corses « annexés », Francis Carco, le libraire-éditeur José Corti, ou même l'infâme Abel Bonnard, dit Gestapette. Colonna d'Istria, s'il ne saurait être exhaustif (la preuve, il semble qu'il ait oublié Angelo Rinaldi ou Jean-Noël Pancrazi), fait œuvre érudite, avec une touche d'humour que seul un Corse pouvait se permettre. Car les Corses, comme on le sait depuis Astérix, sont susceptibles.