Origines

« Ma "petite patrie", c'est le Mexique », explique Rolando Villazón, dans un grand éclat de rire. « La grande, c'est l'Amérique latine. L'endroit où on naît, c'est un accident ! » Mais c'est chez lui qu'il a découvert l'humour, la richesse musicale (mariachis et marimba...), et le plaisir de chanter, « ne serait-ce que des sérénades pour [sa] femme Lucia ». À part ça, son grand-père paternel était un Autrichien qui avait fui l'Anschluss, et le petit Rolando a appris l'allemand à l'école.

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Rolando Villazon- Photo OLIVIER DION

Voix

Tout jeune déjà, Rolando adorait chanter. Repéré un beau jour par un baryton, il a commencé à chanter avec lui, mais comme un hobby, « sans penser à faire carrière ». Cependant, bien vite, le travail s'est ajouté au plaisir. Et surtout la discipline. « La voix est un instrument, raconte le ténor, il faut le conserver dans les meilleures conditions : régime, ne pas fumer, dormir beaucoup... » En principe. « Il faut aussi savoir lire la musique, c'est mieux de parler la langue dans laquelle on chante, et savoir bouger. Le chant s'apparente à la chorégraphie, un peu comme dans le théâtre nô. »

Écriture

C'est pendant le confinement que Rolando Villazón a commencé à écrire Amadeus à bicyclette, son troisième roman. Le premier, Jongleries, il l'avait écrit comme ça, sur des cahiers de brouillon, au stylo Bic (« J'en ai des millions », dit-il), pendant sa rééducation après une opération des cordes vocales qui lui a valu un arrêt de sa carrière en 2009-2010. Et sans penser à être publié. C'est son compatriote, confrère et ami le romancier Jorge Volpi qui l'a lu, fait travailler, puis a envoyé le manuscrit à son agente. « Au début, elle ne savait pas que c'était moi, raconte Villazón. Et puis après, on m'a dit : "Dans ton écriture, il y a une voix. »

Clown

À 18 ans, cherchant du travail, Rolando a failli devenir clown. Une passion était née. Aujourd'hui, depuis 2006, il est ambassadeur de l'association des Nez Rouges, qui intervient auprès des enfants en souffrance, un peu partout dans le monde − « en ce moment, à Berlin ou à Varsovie, auprès des réfugiés ukrainiens ». « Le clown est libre, il joue avec le public. Pas le chanteur d'opéra : sa marge d'interprétation est beaucoup plus limitée, c'est presque rien, et c'est là où tout se joue. »

L'auteur parfait ?

« Je suis romancier. Dans mes livres, tout est vrai et rien n'est vrai ! », s'amuse l'artiste. Pour le nouveau, tout est parti en 2015 d'une idée farfelue : « Je me suis mis à écrire des lettres à Mozart. » Quant au personnage de Vian Maurer, il l'a « trouvé chez Saul Bellow ». Pour le reste, il s'est laissé emporter par sa plume, au point de devoir couper cent trente pages du manuscrit final, à la demande de ses agents. « Et ils ont eu bien raison. » L'auteur parfait ?

Rolando Villazón
Amadeus à bicyclette Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu
Philippe Rey
Tirage: 5 500 ex.
Prix: 21€ ; 432 p.
ISBN: 9782848769486

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