L'homme empêché, beau spécimen d'autofiction, est un joyeux cocktail de Woody Allen version séfarade pour la judéité, l'autoanalyse et l'autodérision, et de Jean-Luc Hennig, pour le catalogue de plans cul, racontés de façon explicite sans être graveleuse. Si Samuel Loutaty est né homosexuel, ainsi que ses souvenirs de jeunesse l'incitent à le penser, il ne l'est devenu et n'est passé à l'acte que bien plus tard. À 29 ans exactement, en 2000, quand il a été père pour la première fois, de son fils Ethan. Suivra Ava. À l'époque, Samuel, journaliste free-lance dans la presse people, était marié à Mina, graphiste. Après une période d'euphorie, leur couple s'est mis à battre de l'aile, les scènes à se succéder. Un temps, il s'est pensé bi, avant de se rendre compte de son goût profond pour les garçons, beaucoup de garçons, trouvés sur Internet, les réseaux, des lieux de drague. Autant d'expériences, uniques ou renouvelées, de relations compliquées, jusqu'à ce qu'il rencontre Monsieur Nouille, l'homme de sa vie, et éprouve, du coup, le besoin de sortir du placard et de se dévoiler à tous : ses enfants (qui vivent ça très bien et adorent son ami), ses parents (avec qui ça se passe nettement moins bien), ses collègues (qui se marrent), son ex (qui lui fait une ultime scène de ménage)... Pour le soutenir, il a Joy, sa meilleure amie, ou Hélène, la rescapée de la Shoah dont le fils, Jakob, est mort en 1989 du sida. À la fin, quand il fait son examen de conscience, Samuel se trouve enfin en harmonie avec sa vie, il est soi.